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Élections européennes : non merci !

Article paru dans La Forme d »avril 2019

Ça y est, la campagne pour les européennes est lancée. Elle occupe jour et nuit toutes les forces politiques qui y participent.

Dans notre dernier journal, nous avons publié la déclaration des partis et organisations marxistes-léninistes d’Europe, que nous avons signée et qui appelle à l’abstention, pour dire « Non » à l’Europe des monopoles, de la réaction et de la guerre, de la chasse aux réfugiés, du dumping social, des privatisations et de la liquidation des services publics… « Non » aux illusions sur la possibilité de « changer l’UE » en faveur des peuples, de « l’Europe sociale »… Ce n’est pas pour cela que les gouvernements capitalistes et impérialistes des Etats, aujourd’hui membres de l’UE, l’ont voulue et l’ont construite.

C’est la consigne que nous reprenons à notre compte, pour toutes les raisons données dans la déclaration, auxquelles nous ajoutons les éléments liés à la situation politique en France que nous allons développer brièvement.

Macron a donné son feu vert pour une liste LRM qui se veut très « écologiste ». Poursuivant son travail de débauchage et de recomposition, il veut avant tout que sa liste passe en tête de ces élections, devant M. Le Pen. C’est pourquoi, il fait tout pour faire de ces élections une confrontation entre lui et son mouvement, d’une part, et M. Le Pen d’autre part, comme au deuxième tour des présidentielles.

En mettant en avant cette coloration « verte », il pense faire taire les critiques concernant son désintérêt pour les questions d’environnement (la poursuite du programme électronucléaire, le soutien au glyphosate, les coupes budgétaires dans le logement social qui réduisent notamment les aides à un politique d’isolation des logements…). Il veut aussi marteler que le niveau pertinent pour les politiques environnementales est celui de l’UE (« la pollution n’a pas de frontière »).

Enfin, il essaie de remobiliser sa base électorale du premier tour des présidentielles, en jouant à fond le discours sur ses grandes réformes contrariées par les corporatismes, sur l’ordre républicain menacé par les « casseurs », eussent-ils 75 ans, comme cette militante violemment bousculée par un policier à Nice… Il veut parler encore et encore de ses ambitions européennes avec, comme axe, celui de la politique de « défense européenne », synonyme de militarisation accrue, d’une coopération « musclée » avec la Chine, qui fait miroiter les avantages sonnants et trébuchants des « routes de la soie » et d’un dialogue « ferme » avec Trump, qui s’en moque et qui « compte les points » avec le Brexit, les divisions qui se creusent à l’intérieur de l’UE et qu’il alimente.

Les stratèges des élections européennes savent qu’elles ne mobiliseront qu’une faible partie de l’électorat et que les partis ou les alliances qui se présentent doivent avant tout parvenir à mobiliser leur base électorale. Dans quels groupes siègeront leurs élus ? Quel sera leur « poids » dans un parlement éclaté en groupes et sous-groupes, ce qui renforce d’autant les pouvoirs de la Commission et du Conseil où siègent les représentants des Etats.

Le parti macronien veut constituer un groupe qui ne soit pas lié aux deux grands pôles – le PPE (droite) et le PSE (socialiste) – en phase d’implosion. Mais avec qui ? Avec Ciudadanos, un parti qui se dit « centriste » mais qui s’allie, en Espagne, avec l’extrême droite nostalgique du franquisme ? Avec des partis « libéraux » qui se font financer ouvertement par des lobbies ?

Détourner le sens de ces élections ?

C’est ce que proposent différents partis ou mouvements – y compris ceux issus des Gilets jaunes – qui mettent en avant différents enjeux, le premier étant celui d’avoir des moyens, à travers des élus, de se faire entendre, d’exister médiatiquement.

Soit. Mais quels critères pour faire un choix entre ces listes ?

Celui d’exprimer des exigences sociales et politiques progressistes ? Mais comment faire la différence entre elles ? C’est mission quasi impossible.

Nous ne sommes pas dans le contexte de 2014, où un pôle se présentait, autour du Front de gauche, qui réunissait la plupart des forces de la gauche de transformation sociale. C’est la raison pour laquelle notre Parti, à ce moment, a fait campagne en faveur de ces listes. Mais la situation est totalement différente aujourd’hui. C’est pourquoi nous pensons que l’enjeu principal de ces élections est celui du positionnement vis-à-vis de l’UE, de ce que représentent l’UE, le Parlement et la politique menée par les vraies instances de décision : la Commission et le Conseil.

C’est la raison pour laquelle nous disons qu’il faut infliger un nouveau désaveu à cette construction européenne, dirigée contre les travailleurs et les peuples, « ni réformable, ni amendable » et que ce désaveu doit s’exprimer par l’abstention.

Déclaration des organisations populaires de Martinique