Au deuxième jour de grève des quelque 120 travailleurs sans papiers, la confédération CGT a organisé une conférence de presse, dans ses locaux à Montreuil, pour apporter tout son soutien à ce mouvement qui touche 6 entreprises de la région parisienne. Des représentants des différents piquets sont intervenus pour se présenter et pour expliquer l’activité de l’entreprise qui les employait et pour faire part de leur détermination à « aller jusqu’au bout », à savoir leur régularisation. C’est dit sobrement, en quelques mots.
Patricia Téjas, animatrice du collectif confédéral migrants, a introduit cette conférence de presse, qui a été suivie par de nombreux médias et agences de presse. Notre journal était présent.
Elle a souligné la détermination des grévistes qui n’ont pas cédé devant les pressions et les intimidations des patrons de ces entreprises qui « sont partie intégrante d’un modèle économique ». Elle venait de participer la veille, le 12 février à la réunion de la commission nationale de lutte contre le travail illégal, en présence de la ministre du travail, Pénicaud, qui a été « informée en direct » du déclenchement de ce mouvement de grève organisé et soutenu par la CGT.
L’Elysée, Matignon, les ministères du Travail et de l’Intérieur sont donc interpellés.
P. Téjas a insisté sur le contexte dans lequel cette grève intervient ; celui du débat autour de la loi « sur l’asile et l’immigration ». Outre le fait qu’elle signifie un durcissement des règles en matière de droit d’asile, elle remet en cause un des acquis des grandes grèves de 2006 et 2007 sur la reconnaissance des allias – le fait d’avoir travaillé sous un nom d’emprunt – et « les attestations de concordance ». Si ce projet de loi passait en l’état, cela signifierait que tout travailleur utilisant des papiers d’une autre personne serait poursuivi et lourdement condamné. Non seulement cela rendrait impossible la régularisation d’un grand nombre de travailleurs qui travaillent sous des allias, mais cela les soumettrait à la menace permanente des contrôles de police et de l’expulsion. Comme l’a souligné Maryline Poulin, du collectif « migrants », il y a de plus en plus de travailleurs sans papiers qui se retrouvent dans les centres de rétention.
Aux journalistes qui l’ont plus particulièrement interrogé sur la position de la CGT vis à vis de ce projet de loi et qui lui ont demandé s’il pensait qu’elle ferait reculer le gouvernement, Philippe Martinez a fait remarquer qu’il ne connaissait aucun gouvernement qui ne recule pas, mais que pour cela, il fallait faire grandir le rapport de force. Il a rappelé que les travailleurs sans-papiers, devaient être considérés et traités comme tous les autres travailleurs, avec les mêmes droits.Tojas a également insisté sur l’engagement de toute la CGT dans cette mobilisation, aux côtés des 120 grévistes ; de la Confédération, aux UD et des UL de la région parisienne, en passant par les fédérations dont relèvent les entre prises dans lesquelles les travailleurs sans papiers sont en grève : Chronopost, boîtes d’intérim, collecte des ordures ménagères (Sépur), transport et logistique (GLS), la restauration et l’agroalimentaire, traitement des déchets… La liste et les adresses de ces 6 entreprises est sur le tract de la CGT (sur notre site).
Ces travailleurs en grève ont besoin de la solidarité
Comme nous l’a dit la secrétaire de l’UL de Massy, engagée sur le piquet de Chronopost, « c’est raide, mais c’est fort ». Les militants de l’UL CGT sont mobilisés ; ils étaient là très tôt le matin et ont passé la nuit sur le piquet. Les choses s’organisent : nourriture, matelas, duvets…
Le même scénario s’est reproduit sur tous les piquets. Cela fait des mois que se prépare cette action, et le dimanche, la veille de son déclenchement, les grévistes et les soutiens se sont retrouvés à Montreuil avec des animateurs des mouvements de grève précédents, avec des responsables syndicaux, pour caler la démarche et les objectifs, pour rappeler qu’il s’agit d’un mouvement collectif, pour la régularisation des grévistes.
Le bras de fer est engagé. Il faut aider les grévistes dans leur combat : nous appelons nos camarades et amis à aller sur les piquets, pour exprimer la solidarité, y compris matérielle.
Marilyne Poulain, du collectif « migrants »
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT
Patricia Téjas, animatrice du collectif confédéral « migrants »