16 mai, à Strasbourg, rassemblement pour faire entendre nos exigences

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Notre porte parole harangue les passants

Une impatience pour sortir et faire entendre notre voix, pour libérer nos exigences et occuper le terrain de lutte

Ce 1er samedi soi-disant « déconfiné » a été mouvementé. Fin de matinée, les Gilets Jaunes ont voulu se rassembler place de la République (l’endroit de leur quartier général lors de la lutte contre la Retraite à points). La place a été bouclée par les forces de l’ordre qui les ont refoulés sur les trottoirs avant de verbaliser à tour de bras et de procéder à des arrestations menottées. Début d’après-midi vers 13h30, ils ont réitéré place de la Bourse : contrôle d’identité, contrôle des sacs. Ils sont allés par petits groupes vers la Gare en lançant des slogans. A un moment donné, la police s’en est prise à un groupe de jeunes qui se sont mis à crier « Tout le monde déteste la police » ; là encore les policiers ont verbalisé.

L’après-midi des militant-e-s de Attac, Femmes Egalité, des jeunes, des syndicalistes, des gilets jaunes, des secouristes de rue, des militants anti-GCO, le NPA et le PCOF, plus d’une quarantaine, se sont retrouvés à 15h place Kléber pour faire entendre les revendications et les exigences. A notre arrivée, la place grouillait déjà de gendarmes. Ils contrôlaient systématiquement tous ceux qui portaient panneau, badge ou drapeau. Le rassemblement a démarré dans le calme et le respect des consignes sanitaires, faisant un rang de 10 personnes et lançant des slogans contre le gouvernement et sa gestion de la crise sanitaire. De nombreux panneaux ont fleuri sur la place. Notre Parti a décoré les barrières du marché des bouquinistes de deux « guirlandes revendicatives » avec nos mots d’ordre, comme au premier mai. Un camarade syndicaliste affichait un panneau « Pour nos retraites, nos salaires, notre système de santé : pas d’argent. Mais pour l’armement de la police des milliards. Crise sanitaire, crise du système, enterrons le capitalisme avec ses crises » ; un ami portait un T-shirt contre le « MACoRONavirus ». Les camarades avaient des panneaux et la Une de La Forge d’Avril avec la photo des infirmières. Cette photo a marqué beaucoup de monde. La discussion s’est très vite engagée avec les passants, intéressés par ce qui se passent et soutenant ce qu’on faisait. « Je suis très contente qu’il se passe quelque chose, que ça bouge » a dit une dame. Le rassemblement a pris de l’ampleur.

Peu de temps après, la gendarmerie a eu les consignes de vider la place, bien que le rassemblement ait été déclaré. Ils ont sommé les manifestants de se disperser. Cela a mis les manifestants en colère, ils ne se sont pas laissé chasser sans résister. Un militant du NPA, inspecteur du travail à la retraite, a été jeté à terre par une poignée de gendarme et arrêté, puis mis en garde à vue. Ce furent des cris de révolte et de contestation, des slogans (Police partout, justice nul part) et des chants. La pression gendarmesque s’est faite plus importante et les manifestants ont été poussés sur les rails du tram. Les manifestants ont repris le mot d’ordre « De l’argent pour la santé, pas pour les banquiers » et « Des moyens pour l’hôpital, pas pour le capital » lancés par un camarade. Beaucoup de passants étaient sidérés de voir autant d’uniformes et certains ont demandé « Qu’est-ce qui se passe ? Mais qu’est-ce que vous faites pour qu’il y ait autant de flics ? ». Les camarades et d’autres militant-e-s ont interpellé les gens étonnés en expliquant que nous étions là pour défendre les revendications des soignants, (dont Macron dit faire grand cas) mais qu’on nous en empêche, que les forces de l’ordre essaient de nous faire taire. Du coup, un passant a demandé notre journal La Forge. Nous avons été repoussés vers une rue adjacente. Nouvel incident : une amie d’Egalité, qui ne peut pas marcher vite, a été bousculée par les gendarmes pour la faire accélérer. Des militants se sont insurgés et ceux qui ont voulu l’aider ont été bousculés également. Un camarade s’est fait arracher l’affiche « Des moyens pour l’hôpital, pas pour le capital » de son dos. Devant notre détermination, ils ont décidé de calmer le jeu. Et nous sommes arrivés sans autre incident dans la rue du 22 novembre, adjacente et passante. Là, notre porte-parole a commencé à s’adresser aux quelques dizaines de passants, expliquant la situation, informant de ce qui se passe pour l’hôpital de Sélestat où le service de réanimation risque d’être à nouveau fermé après le Covid, idem pour celui de St Louis. Que des milliards sont dépensés pour les grands groupes et pour soutenir l’économie des riches, mais rien de pérenne pour la santé et l’hôpital. La grande majorité des passants se sont arrêtés et ont applaudis. Nous avons ensuite terminé le rassemblement.

Malgré ces péripéties, tout le monde était content de l’action, de se retrouver, d’avoir pu sortir et faire entendre notre voix, celle des exigences populaires et ouvrières. Il y avait une attente d’action, et nous l’avons déjà ressenti quand nous avons mobilisé, et de la colère contre tout ce qu’on veut nous imposer et contre la restriction des libertés. Colère contre le « mur de gendarmes ».

C’est une première après ces deux mois d’enfermement et cela doit se poursuivre. Il n’est pas question qu’on lâche sur nos revendications. Contents aussi d’avoir agi, même si nous avons dû nous replier momentanément de la place Kléber, le centre « politique » des rassemblements de Strasbourg. Si l’objectif des autorités était d’empêcher l’expression de la contestation sociale, une grande partie des passants, stupéfiés par la répression, nous ont apporté leur soutien. Nous devons poursuivre et apporter notre soutien au militant arrêté.

A Colmar également, cela a bougé. Une dizaine de Gilets Jaunes se sont rassemblés devant le symbole de la statue de la Liberté.