Dimanche, au barbecue de la victoire, au Min de Rungis

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Ce dimanche, 9 avril, vers midi, le hall du MIN était plus silencieux que les autres jours. Les grévistes étaient là, ils avaient commencé à ranger les affaires et discutaient par petits groupes, se prenaient en photo. A chaque fois que nous les croisions, c’était des visages souriants, des poignées de mains…

« On a gagné, mais c’est jeudi, quand on aura le papier de la préfecture en mains, qu’on sortira le téléphone, qu’on fera la photo, et qu’on l’enverra au pays ». Oui, c’est jeudi, au siège de l’UD de la CGT 94 que seront distribués les précieux documents qui permettront à ces travailleurs « sans-papiers » de devenir des travailleurs avec papiers et avec carte syndicale !

Vers 13h, tout le monde se rend au lieu où sont dressées les tentes et où les sandwichs vont être servis. Des femmes et des hommes, de l’UL CGT, des militants du PCF de Bonneuil, ont préparé le barbecue et les boissons. Il fait très chaud. Au début, c’est un peu la cohue, mais très vite, une file s’organise.

Des groupes se forment, on se prend en photo avec les militants de l’UL : on est « entre nous ». Puis, Philippe Jaloustre va prendre le micro et tout le monde se rassemble. Ce seront des moments d’une grande intensité, de fraternité. Thierry Lagaye, le secrétaire de l’UL de Runigs aura des mots très forts pour remercier les travailleurs pour leur courage, pour leur détermination et leur confiance. Parfois, l’émotion est trop forte, alors il passe le micro à Philippe, qui lui rendra le micro, quand lui-même est submergé. Puis ce seront les camarades de lutte, sans papiers et ex sans papiers, qui vont traduire en Bambara, en Soninké, en Peul…

Ce qui reviendra très fort dans toutes ces interventions, c’est l’importance de l’organisation, du travail en amont, depuis des mois, mené par les militants de la CGT sur le MIN, dans les foyers. Un des « traducteurs » rappellera Modeluxe, en 2006, les grandes grèves de 2008 et 2009. Philippe reviendra sur cette continuité de combat « tout ça, çà vient de loin, de l’expérience des grandes luttes de 2008 ». Une continuité qui se matérialise aussi par la présence de notre camarade Raymond Chauveau, à l’époque coordinateur au niveau confédéral du collectif migrants, et qui a été présent tout au long de ces trois semaines de grève. Des « anciens » du mouvement de 2008 sont venus, avec le tie shirt de Tardi, car ces luttes ont profondément marqué toutes celles et ceux qui les ont menées.

Ce travail d’organisation, c’est celui de la CGT, de ses militants : « la CGT était toujours avec nous, et nous, on était derrière les responsables de la CGT. On leur faisait confiance ». C’est un travailleur qui a déjà des années de lutte qui s’adresse ainsi à ses camarades, pour leur dire qu’il faut se syndiquer.

« Philippe Martinez a envoyé un SMS, pour saluer votre victoire », annonce Thierry Lagaye et Philippe Jaloustre ajoute celui de HK, qui a « mis le feu » dans le hall, vendredi soir, lors de son concert de soutien, les musiciens et chanteurs maliens du piquet de grève.

Dans la vie des militants, ces moments comptent beaucoup ! Ca vaut la peine de s’investir à 100% dans une lutte comme cela. Parce qu’elle est victorieuse, bien sûr, mais aussi parce qu’elle tisse des liens de lutte et de solidarité, parce qu’elle fait vivre la solidarité de classe.

Quand les interventions sont finies, le tambour résonne, les danses en cercle commencent. Les slogans reviennent, « on n’est pas fatigué ». Et cette fois-ci, il y a aussi le « on a gagné ».

Il y a beaucoup de leçons à tirer de cette grève de quelque trois semaines, qui débouche par une victoire sur toute la ligne. C’est important d’en faire un bilan approfondi.

Le prochain rendez-vous, c’est jeudi, à l’UD CGT. Ce jour-là, ils pourront dire ; ça y est, on les a ces papiers !