Allemagne : à propos de l’opération de police contre un groupe d’extrême droite

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Début décembre, une vaste opération de police a eu lieu en Allemagne, ciblant un groupe néo-nazi. Les camarades de l’Organisation pour la construction du parti communiste des ouvriers d’Allemagne (journal Arbeit-Zukunft) ont donné leur appréciation sur cet événement. Voici la traduction de leur texte.

Opération de police contre l’organisation néo-nazie « Citoyens du Reich » : gros coup de filet ou opération médiatique ?

Le mercredi 7 décembre 2022, 3000 policiers et des unités anti-terroristes ont mené des perquisitions dans plus de 150 endroits dans le milieu terroriste d’extrême-droite de la mouvance «citoyens du Reich». La ministre fédérale de l’Intérieur, Nancy Faeser, SPD, s’est félicitée que « l’État de Droit » avait prouvé sa force contre les ennemis de la démocratie. Les médias ont monté cette affaire en épingle.

Terrorisme d’extrême-droite – une longue traînée de sang !

Le terrorisme d’extrême droite n’est pas nouveau en Allemagne, il a une longue histoire liée à la création de la République Fédérale – et toujours avec le soutien de l’État. C’est ainsi que la CIA et le gouvernement Adenauer constituèrent, à partir de 1948, les « groupes de lutte contre l’inhumanité » (KgU). Ils lancèrent des attaques terroristes en RDA. Un membre fondateur était ministre de l’Intérieur Benda (CDU), un terroriste en tant que ministre de l’Intérieur de la RFA !

Dans les années 1970, le groupe de paramilitaires « Hoffmann « a fait des ravages. Avec des véhicules blindés de la Bundeswehr mis au rebut, ils effectuaient ouvertement des exercices militaires, dans des camps d’entraînement. Il y avait des liens étroits avec l’appareil d’État, jusqu’à ce groupe soit finalement interdit sous la pression de l’opinion publique en 1980.

Beaucoup d’autres groupuscules ont suivi, y compris la NSU (National-sozialistischer Untergrund = groupe clandestin national-socialiste), qui a sillonné l’Allemagne en commentant des assassinats. Ce groupe est issu du groupe néonazi d’Allemagne de l’Est, le « Thüringer Heimatschutz » (« Sécurité de la nation de Thuringue), créé par un informateur de l’Office fédéral de Protection de la Constitution (Verfassungsschutz), il a perçu plus de 200.000 marks puisés dans la caisse de cet office fédéral (Verfassungsschutz). Sur les 140 à 160 membres, environ 40 étaient des informateurs des services secrets et étaient rémunérés sur ces fonds. On peut donc dire que l’Office fédéral de Protection de la Constitution (Verfassungsschutz) a participé activement à la construction d’un réseau terroriste.

« Citoyens du Reich » et leur réseau terroriste viennent s’y rajouter. Ils ont prouvé à maintes reprises que de tels groupes avec leurs armes sont extrêmement dangereux.

Nous saluons donc l’arrestation de ces criminels.

L’État est toujours de la partie !

Comme pour tous les groupes terroristes mentionnés ci-dessus, l’État était également « représenté » chez les « Citoyens du Reich » maintenant démasqués.

–        Un spécialiste de l’extrémisme de droite du service d’Etat de la police criminelle (Landeskriminalamt -LKA) de Basse-Saxe était au cœur du groupe terroriste ! On soupçonne qu’il a mis en garde le milieu terroriste d’extrême-droite contre les interventions de la police et des services secrets.

–         Un capitaine, considéré comme le chef de la « branche militaire » du groupe, aurait été lié à lui.

–        Un colonel (Eder) ex-commandant du régiment de grenadiers blindés 112 de Regen, ex dirigeant de l’opération KFOR de l’armée fédérale allemande (la Bundeswehr) au Kosovo. Après avoir quitté l’armée, il a été officier de liaison de l’OTAN en Géorgie. Il était l’un des chefs militaires de la force terroriste.

Il est clair que, comme dans tous les cas précédents de groupes terroristes d’extrême droite et fascistes, l’État allemand est évidemment un repaire douillet pour de telles personnes, elles peuvent même y atteindre des positions dirigeantes

Et de toute évidence, ces groupes perçoivent de l’aide d’agences de l’Etat fédéral jusqu’à aujourd’hui. C’est ainsi que le colonel Eder averti, est « parti en permission » en Italie. Une semaine avant le raid, il a appelé une voisine depuis là-bas, en lui disant : « Il se peut que la police débarque la semaine prochaine. « Si la police vous interroge, soyez aimable ». Il escomptait trouver asile en Italie avec son nouveau gouvernement fasciste. Mais ce dernier ne voulait pas contrarier son grand partenaire impérialiste, l’Allemagne, et l’a extradé.

Opération de police ou grand coup médiatique ?

Lors de telles descentes, la police emmène toujours quelques journalistes triés sur le volet, mais ces derniers ne sont pas informés des détails au préalable. Lors du raid contre le « Citoyens du Reich », la situation était toute différente et de nombreux journaux et chaînes de télévision ont été invités à participer au raid. Dans les couloirs du Bundestag, des centaines de personnes étaient déjà informées de l’opération à venir. Pratiquement dans tous les 150 endroits où des perquisitions ont eu lieu, les représentants des médias étaient présents.

Il est tout à fait clair que cela a également permis à de nombreux terroristes de l’extrême droite d’être informés de l’action en amont et d’éliminer les matériaux compromettants, comme dans le cas du colonel Eder.

La question est la suivante : de quoi s’agissait-il vraiment ? S’agissait-il vraiment d’un coup sérieux porté à la mouvance terroriste d’extrême-droite ? Ou voulait-on faire un superbe reportage pour montrer fièrement au public que l’État allemand agit avec fermeté contre l’extrême-droite ?

En fait, ce serait la meilleure ! Quelqu’un qui comme le chancelier Olaf Scholz, accueille « le nouveau gouvernement dirigé par les fascistes en Italie », qui travaille avec l’Arabie Saoudite et le Qatar ou le dictateur Erdogan, comment peut-on croire qu’il combat réellement les nazis et l’extrême droite ?

Aucune confiance dans cet Etat !

L’expérience acquise depuis la création de la RFA montre qu’on ne peut faire aucune confiance à cet État. Il a été construit par les nazis en postes de responsabilité et en son sein, les forces fascistes ont pu croître et prospérer. Il en est resté de même jusqu’à aujourd’hui, comme le montrent les nombreux groupes terroristes d’extrême droite de ces dernières années, ainsi que les événements étranges actuellement autour de la descente contre les « Citoyens du Reich ».

La lutte contre le fascisme et la réaction doit s’appuyer sur la classe ouvrière et le peuple ! Ce n’est que dans un puissant front de toutes les forces antifascistes que nous pouvons lutter efficacement contre la dérive droitière en RFA et dans l’appareil d’État.