Haïti : l’Assemblée des peuples de la Caraïbe exprime son soutien au peuple haïtien

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Le peuple haïtien est une fois encore confronté à une crise sociale et politique de grande ampleur. La « communauté internationale » veut intervenir, y compris militairement, mais chacune de ses internetions s’est soldée par plus de misère, plus de chaos, plus d’instabilité. A chaque fois, elle est passée « au-dessus du peuple haïtien » en s’appuyant sur les couches dominantes du pays. Ainsi, elle a soutenu jusqu’au bout Ariel Henry, pour finir par le lâcher, sous la pression des manifestations de rue qui exigeaient sa démission.

Nous reproduisons de larges extraits de la déclaration de l’Assemblée des Peuples de la Caraïbe, que nous a fit parvenir notre ami Robert Sae, du CNCP de Martinique. Le texte intégral est en téléchargement, ci dessous.

Logo de l’Assemblée des peuples de la Caraïbe

9 mars 2024

Nous, l’Assemblée des peuples de la Caraïbe, déclarons que :

  • Il ne doit y avoir aucune intervention militaire étrangère – pas de troupes américaines ou de tout autre pays du Core Group *, pas de troupes du Kenya, pas de troupes de la CARICOM * ou de tout autre État. Nous condamnons donc fermement les déclarations de certains États membres de la CARICOM selon lesquelles leurs troupes seraient « prêtes » à se rendre en Haïti.

(…)

  • La seule façon d’avancer est que la CARICOM, la CELAC*, l’ONU et le Groupe restreint acceptent les propositions de l’Accord du Montana intitulé « ÉTABLISSEMENT D’UN EXÉCUTIF DE TRANSITION PAR DES MOYENS CONSENSUELS ET PACIFIQUES : LA FORMATION D’UN GOUVERNEMENT D’UNITÉ NATIONALE/SAUVETAGE » qui a été daté 10 octobre 2023. Cette proposition repose sur une solution haïtienne à la crise haïtienne. Il bénéficie du soutien de centaines d’organisations haïtiennes – mouvements sociaux, organisations de la société civile et partis politiques – et de personnalités éminentes. Nous avons joint ce document à la présente Déclaration.

(…)

  • Il existe un vide de pouvoir en Haïti que les groupes armés dirigés par des criminels tentent de combler. La violence rend presque impossible l’intervention des masses pour combler le vide laissé par les manifestations populaires traditionnelles de mouvements sociaux légitimes. La reconnaissance continue du Premier ministre de facto, mais totalement illégitime et discrédité, Ariel Henry, a été un autre facteur majeur dans la création de ce vide politique. Ceci explique pourquoi son absence du pays a été le signal de l’intensification des actions armées.
  • Ce serait une parodie et une tragédie si les criminels qui se livrent à des actes de violence étaient impliqués dans des arrangements de gouvernance transitoire. Leur implication ne doit pas être encouragée.
  • Un gouvernement de transition légitime et démocratiquement établi comblera le vide du pouvoir et aura ainsi la capacité de commencer à restaurer la stabilité et à contrôler les groupes armés avec le soutien du peuple haïtien. Toute assistance requise de la communauté internationale peut être négociée de manière appropriée par un tel gouvernement de transition et à des conditions qui respectent la dignité du peuple haïtien et la souveraineté de la nation haïtienne.

La déclaration conclut

La véritable racine de la crise en Haïti est l’histoire de l’intervention et de l’ingérence impérialistes dans les affaires intérieures d’Haïti. Cette histoire remonte à l’intervention américaine il y a plus de cent ans, lorsque les Marines américains ont envahi Haïti en 1915. Les États-Unis ont continué cette occupation pendant 20 ans. (…)

La politique Munroe des États-Unis impérialistes a permis de s’emparer du président démocratiquement élu Jean Bertrand Aristide et de l’expulser physiquement d’Haïti en 2004.

(…)

Après le coup d’État de 2004, les États-Unis et d’autres pays ont de nouveau envoyé des troupes sous la bannière des Nations Unies. Cette intervention connue sous le nom de MINUSTAH s’est poursuivie pendant treize ans. La MINUSTAH a apporté une grande misère au peuple haïtien alors que les troupes ont introduit le choléra, entraînant la mort de plus de 10 000 personnes et l’infection de centaines de milliers d’autres ; et de nombreux cas d’abus physiques et sexuels perpétrés par les troupes ; ainsi qu’un massacre perpétré par les troupes brésiliennes.

(…)

Nous, l’Assemblée des Peuples de la Caraïbe, avons toujours soutenu et réitérons

aujourd’hui notre soutien au peuple haïtien dans sa demande qu’il n’y ait pasd’intervention militaire étrangère en Haïti.

Nous disons que la seule voie à suivre est de permettre au peuple haïtien de mettre en place un gouvernement de transition comme le propose l’Accord du Montana.

L’Assemblée des peuples caribéens

David Abdallah

Pour et au nom du Comité exécutif régional

1. David Abdulah, Trinité-et-Tobago                       6. Hilda Guerrero, Porto Rico

2. David Denny, Barbade                                          7. Section cubaine de l’ACP, Cuba

3. Camille Chalmers, Haïti                                       8. Claudette Etnel, Suriname

4. Robert Saé, Martinique

5. Pedro Franco, République Dominicaine

*CELAC : Communauté d’Etats latino américains et caraïbes

*Core Group : Composé des ambassadeurs des principaux pays impérialistes occidentaux et du secrétaire général de l’ONU

*CARICOM Caribean Community : organisation internationale régionale dont sont membres plusieurs États anglophones des Caraïbes, le Suriname néerlandophone et Haïti.