La crise du gouvernement Draghi traduit la décadence de la classe dirigeante. Seul le prolétariat peut sauver le pays !

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Le 14 juillet, Mario Draghi a présenté sa démission en tant que tête du gouvernement, puisque le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) n’a pas voté la confiance au décret-loi dit « d’aides » que le banquier du Palazzo Chigi (siège du gouvernement) avait blindé.

Mattarella, réélu Président pour assurer la survie du gouvernement Draghi, a rejeté la démission de ce dernier, renvoyant le Premier ministre devant les Chambres pour regagner leur confiance.

Les dirigeants de l’UE et des grandes institutions financières, les associations de grands patrons se sont immédiatement positionnés en faveur de l’ancien président de la BCE, au nom de la « stabilité » et pour la mise en œuvre du « plan de relance ». Les États-Unis qui ont un fidèle serviteur en Draghi, lui ont aussi exprimé leur soutien.

Le 20 juillet, Draghi s’est présenté devant les partis du Parlement avec un discours agressif dans lequel il défendait jusqu’au bout ses actions, relançait la politique de guerre derrière le char de l’OTAN, exposait les objectifs de son programme antipopulaire à atteindre dans les mois à venir – en premier lieu ceux liés au « Plan national de résistance et de résilience » – en demandant « un nouveau pacte de confiance ».

Le vote au Sénat a cependant révélé que le chef du gouvernement ne pouvait compter que sur une majorité étroite, le M5S, la Lega et Forza Italia n’ayant pas voté la motion de confiance exigée par le gouvernement.

Draghi, qui n’avait plus l’appui unifié de la coalition qui soutenait son gouvernement, a démissionné. Mattarella a dû accepter cette fois la démission et a dissout le Parlement. Des élections politiques auront lieu le 25 septembre prochain.

À l’origine de la crise du gouvernement Draghi, il y a le conflit entre l’oligarchie financière et les secteurs des classes moyennes écrasés par la crise, qui, en Italie, ont un poids économique et politique important. Il y a aussi des conflits entre, d’une part, les grandes entreprises qui reçoivent des milliards d’aides et sont favorisées par les commandes d’armement et, de l’autre, les entreprises qui sont exposées aux coupures de gaz et à la concurrence internationale.

Ces conflits se sont aggravés dans un contexte de récession imminente, d’inflation supérieure à 8%, d’accroissement de la misère et de baisse du pouvoir d’achat des masses, de reprise de la pandémie, de crise d’approvisionnement, d’emballement de la dette publique, de sécheresse et des conséquences de la guerre inter-impérialiste qui ont mis en lumière les contradictions de la fiction l’« unité nationale ».

A ces contradictions s’ajoutent les calculs pré-électoraux et les luttes intestines des partis parlementaires qui se présentent comme les défenseurs des besoins économiques de groupes sociaux spécifiques pour regagner leur soutien électoral.

Les populistes du M5S – après avoir longtemps soutenu un gouvernement oligarchique – ont tenté de retrouver la virginité d’avant les élections. Mais le M5S est victime de sa politique collaborationniste d’« unité nationale » et de ses revirements incessants. Le rôle de ce réservoir populiste de voix était de détourner la classe ouvrière et les masses populaires de la lutte contre leurs ennemis, de répandre les idées de collaboration avec la bourgeoisie. Désormais, secoué par des luttes intestines, le M5S est dans une grave crise de consensus et sombre dans la grotesque « magouille » parlementaire.

Même la Lega et Forza Italia sont écartelées en interne entre les intérêts sociaux irréconciliables qu’ils représentent, et ce malgré toute la démagogie déployée.

Le Parti démocrate, parti du grand capital euro-atlantique, voit son alliance électorale avec les populistes de Conte s’effondrer.

C’est dans ce scénario que s’ouvre une campagne électorale où les partis de droite anti-ouvriers, racistes et chauvins passent à l’offensive.

La crise du gouvernement Draghi est la dernière manifestation de la difficulté croissante de la grande bourgeoisie italienne – dans les conditions d’aggravation de la crise générale du système capitaliste – à imposer sa propre domination politique, économique et idéologique sur l’ensemble de la société. En même temps, elle exprime la crise profonde du système politique et institutionnel bourgeois.

Les événements de ces derniers jours prouvent une fois de plus l’impuissance et les tergiversations de la petite bourgeoisie, toujours prête – dans toutes ses expressions politiques – à céder ou à s’octroyer de petits gains face à la domination du capital monopoliste.

Dans le même temps, la crise montre avec insistance que face au spectacle indécent qu’offrent les groupes dirigeants corrompus d’un pays impérialiste en constant déclin, une seule force est capable d’exercer un rôle unificateur et coordinateur de la société, d’assurer un véritable changement.

Cette force, c’est la classe ouvrière, lorsqu’elle s’organise et se mobilise unie et déterminée pour ses intérêts immédiats et stratégiques, qu’elle trouve et dirige ses alliés dans la lutte contre le capitalisme, pour la conquête révolutionnaire du pouvoir politique.

Dans la situation actuelle, la bourgeoisie va préparer les élections en activant toutes les forces étatiques et politiques de réaction et de répression pour immobiliser la lutte de masse des exploités et des opprimés. Les arrestations de dirigeants syndicaux combatifs, auxquels nous exprimons notre entière solidarité, et la criminalisation des luttes courageuses de milliers de travailleurs en sont un signe clair.

Il est donc plus que jamais nécessaire de donner une impulsion à l’intervention active, politique, organisée et unitaire du prolétariat contre le capitalisme, à partir des revendications économiques, des politiques de guerre et de leurs conséquences sociales.

Il est nécessaire que la classe ouvrière intervienne de manière décisive, recommençant à « voter » à sa manière dans les usines et dans la rue, avec une large participation, l’unité d’action et le développement de son propre organisme de lutte, hors du contrôle réformiste.

Pas de trêve électorale, pas de collaboration avec les capitalistes, les riches, les bellicistes, pas d’espace pour les partis de droite et pas d’illusions sur les réformistes et les opportunistes, pas d’ « alternative » sans le renversement de la barbarie capitaliste et la construction du socialisme !

Des temps difficiles nous attendent, qui exigent de nous des efforts démultipliés pour la réalisation d’une organisation systématique de lutte de masse. Nous intensifions les mobilisations pour le travail et le pain en les liant étroitement à la lutte contre la guerre impérialiste, pour la sortie de l’OTAN, de l’UE et de toute autre alliance impérialiste.

Plus nous lutterons résolument pour nos intérêts vitaux, avec une politique de front populaire dirigée par la classe ouvrière, plus nous rendrons plus difficile la poursuite de la politique de la misère, de la réaction politique et de la guerre.

Nous devons ouvrir la voie à la lutte de masse pour un gouvernement qui représente les intérêts vitaux du prolétariat et des travailleurs exploités de la ville et de la campagne, qui ne se plie pas au « sacro-saint profit », qui ne demande pas la « permission » des patrons et de leurs vestales, et qui, au contraire, est déterminé à opérer une rupture révolutionnaire avec un système moribond.

L’avenir de notre pays est entre les mains de la classe ouvrière et de son avant-garde qui ont la tâche historique de se regrouper sur la base des principes marxistes-léninistes pour former un parti révolutionnaire qui affirme l’indépendance politique du prolétariat dans la lutte pour la révolution socialiste.

Unissons-nous, organisons-nous, luttons ensemble !

21 juillet 2022

Plateforme Communiste – pour le Parti Communiste du Prolétariat d’Italie