Déclaration du Parti des Travailleurs au lendemain du référendum constitutionnel organisé par Kais Saied. « L’heure est à la résistance à cette institutionnalisation d’un nouveau régime autocratique et à l’accumulation des forces. »
Le rideau se referme sur le referendum constitutionnel mascarade organisé par Kaïs Saïed, par lequel il a voulu légitimer son coup d’état et renvoyer le pays vers une nouvelle ère d’autocratie absolue. En s’attribuant des pouvoirs pharaoniques, il anéantit les acquis démocratiques arrachés par le peuple tunisien au prix de sang et de sacrifices.
Pour exécuter cette étape charnière du processus du coup d’état du 25 juillet 2021, des moyens matériels, administratifs et de propagande d’une grande ampleur ont été mobilisés.
Des horaires de scrutin à rallonge, de 6h à 22h, ont été mis place.
Les médias publics, dont la première chaîne de télévision nationale, ont été transformés en outil de propagande grossière au profit du projet de Kaïs Saïed.
Des dépassements graves ont été relevés, notamment la violation du silence électoral par le président lui-même le jour du scrutin, sans compter le sérieux doute qui entoure la véracité des chiffres annoncés par l’instance électorale installée.
En dépit de tout cela, trois quarts des Tunisiennes et Tunisiens inscrits sur les listes ont boudé cette farce électorale, où Kaïs Saïed n’a même pas été capable de réunir autant de voix que lors du second tour des présidentielles de 2019.
Compte tenu de leur importance cruciale, les constitutions ne peuvent généralement être adoptées avec des taux de participation en deçà de 50 %, voire de 75 % dans certains cas, c’est une pratique reconnue dans le monde entier, excepté par Kaïs Saïed. Le professeur assistant en droit constitutionnel qu’il est s’est félicité de la réussite totale du scrutin, tout comme il avait applaudi une consultation nationale où le taux de participation n’avait pas dépassé les 5 %.
Ce qui confirme encore une fois l’esprit tyrannique qui guide Saïed et qu’il tente d’imposer au peuple tunisien.
Il a décidé seul de la tenue du référendum, présenté une constitution qu’il a rédigée tout seul et que personne n’a discutée avec lui. Une constitution qui n’est qu’un catalogue de pouvoirs absolus qu’il s’attribue, réduisant à néant les acquis de la révolution en matière de droits, libertés et égalité.
Il a également revu la composition de l’instance organisatrice des élections, pour y nommer exclusivement des partisans, tout comme il procédé à la nomination de ses fidèles au sein de l’administration.
Il a mobilisé les moyens de l’Etat au service de son projet et engagé des dépenses faramineuses pour aboutir à un échec cuisant bien qu’il refuse de l’admettre.
Kaïs Saïed tire sa légitimité comme président de la république des élections de 2019, tenues sur la base de la constitution de 2014 qu’il a abrogée. Il a essayé de se construire une nouvelle légitimité par une constitution taillée sur mesure, croyant que le peuple applaudira et suivra.
Aujourd’hui il n’a plus aucune légitimité, il ne lui reste plus que la force des institutions pour imposer sa domination et ses orientations économiques et sociales qui vont encore saigner les classes populaires.
Il aurait pu à l’instar des chefs d’Etat qui se respectent et qui respectent leurs peuples reconnaître son échec et présenter sa démission, mais il a poursuivi dans son entêtement en annonçant une nouvelle loi électorale, qu’il sera, comme d’habitude, seul à rédiger et qu’il promulguera par un décret non contestable.
Le Parti des Travailleurs qui a dénoncé le coup d’Etat du 25 juillet dès le début, et alerté contre les dangers du projet tyrannique de Kaïs Saïed, qui a profité de la crise que traverse notre pays et du ressentiment de notre peuple suite à 10 années de gestion calamiteuse du pays par Ennahdha et ses alliés, déclare :
– Réaffirme l’échec du référendum mascarade et l’invalidité de la constitution qui en découle. Il confirme que cet échec avéré de Kaïs Saïed lui fait perdre toute légitimité, et ne lui laisse d’autre issue que celle de la démission pour laisser le peuple tunisien, dont les 3/4 ont boycotté le pseudo scrutin, décider de son sort.
– Il est convaincu que Saïed ne reviendra pas sur son projet de sa propre volonté, il le poursuivra en s’appuyant sur les institutions de l’Etat et en recourant à la répression flagrante de ses opposants, en vue d’asseoir son régime autocratique.
– Il considère, de ce fait, que notre pays entre dans une nouvelle phase d’instabilité politique et sociale qui sera forcément exacerbée par la crise économique et financière en cours. Une situation dont les classes populaires subissent les conséquences de plein fouet, et qui résulte de la soumission aux injonctions des institutions monétaires internationales.
Cette nouvelle étape sera sous le signe de la résistance aux visées despotiques de Saïed pour sauver notre pays et notre peuple sans revenir ni à la période précédant le 25 juillet, ni celle de l’avant 14 janvier.
– Il appelle toutes les forces révolutionnaires démocratiques et progressistes, partis, associations, organisations et personnalités qui rejettent la voie de l’arbitraire et de l’autocratie, à unir leurs forces pour définir ensemble un plan de sauvetage ainsi que les moyens pour réunir la majorité du peuple autour.
L’enjeu est de renverser le système de tyrannie, de corruption et de collaboration pour construire les bases d’une Tunisie nouvelle.
– Non à l’imposition d’un référendum raté et d’une constitution minoritaire au peuple.
– Non à une constitution d’autocratie absolue, rejetée par l’écrasante majorité.
– A bas le système de la tyrannie, de la corruption et de la soumission.
– Oui, à un projet national démocratique et social alternatif pour sauver notre patrie et notre peuple.
Tunis, le 26 juillet 2022