Non à la dictature d’une personne et d’un parti

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Vers un Etat dictatorial en Turquie 

La répression contre le mouvement démocratique, contre les médias d’opposition et plus particulièrement contre les journalistes et les partis politiques d’opposition, prend de l’ampleur. Il est évident que ce n’est pas seulement la confrérie de Gülen, ses membres ou ceux qui sont supposés l’être, ses organisations, ses intérêts économiques …  qui sont visés, mais bel et bien l’opposition, à commencer par les organisations kurdes, et toutes celles accusées de sympathie à leur égard. La récente arrestation des députés du parti HDP (parti démocratique des peuples), la fermeture de la télévision et de nombreux médias kurdes et la politique de guerre menée contre les villes et villages kurdes de Turquie le démontrent amplement.

 

Un tacticien cynique

Le régime d’Erdogan bénéficie du soutien de Poutine ; il sait se rendre indispensable aux gouvernements de l’UE qui lui demandent de bloquer les flux de réfugiés qui fuient les pays en guerre : la Syrie, l’Irak, que les puissances impérialistes transforment en champs de ruines. Il ne manque pas une occasion de rappeler à Merkel, Hollande et Cie, qu’ils ont « besoin de lui » et qu’ils n’ont pas versé les sommes promises à l’époque où chacun faisait le chemin d’Ankara pour promettre des assouplissements de la politique de visas pour les ressortissants turcs.

Erdogan reste un allié de l’impérialisme US, la Turquie étant un membre très important de l’Otan, qui dispose de bases sur lesquelles sont stockées des armes nucléaires. Mais Erdogan n’hésite pas à reprocher à l’administration US son manque de soutien au moment du coup d’Etat avorté de juillet dernier et certains de ses proches n’hésitant pas à accuser les USA d’avoir encouragés les putschistes (dont le dirigeant est réfugié aux USA). En fait, il joue avec une certaine habileté sur les contradictions entre les USA et la Russie, pour renforcer ses propres positions dans la région.

Il a également changé de position vis-à-vis de l’EI : après avoir laissé passer des armes, des combattants, après avoir soutenu les groupes armés qui combattaient le régime de Bachar Al Assad, il a fini par « tourner casque » et s’est associé aux bombardements des positions de l’EI proches de la frontière turque. Cela ne l’a pas empêché de manipuler certains de ces groupes qui ont attaqué des rassemblements de l’opposition, ont semé la mort et la terreur dans des villages, à coups d’attentats contre les populations kurdes.

L’attentat d’Ankara du 11 octobre 2015, lors d’un rassemblement organisé par quatre organisations syndicales pour exiger la fin de la guerre engagée en juillet 2015 par Erdogan en Turquie et dans le nord de l’Irak contre les forces du PKK, a été attribué à l’EI. Mais les conditions mêmes de cet attentat qui a fait 101 victimes, plus de 300 blessés (et qui a provoqué la mort de 16 membres et dirigeants du parti EMEP), le contexte politique dans lequel il s’est produit, pointent du doigt les services secrets turcs passés maîtres en matière de manipulations de groupes terroristes.

Mais ce sont avant tout les groupes armés kurdes qu’il combat, aussi bien en Turquie qu’en Syrie.

Il faut développer la solidarité avec les victimes de cette politique réactionnaire

La description rapide que nous venons de faire de la politique d’Erdogan montre qu’il a de multiples moyens de neutraliser les critiques des dirigeants occidentaux concernant la vague de répression qui s’abat sur les travailleurs et le peuple de Turquie. En fait, ils ont tous d’importants intérêts économiques en Turquie qu’ils ne veulent pas perdre et veulent surtout éviter que le régime turc « n’ouvre les frontières » et laisse passer des réfugiés.

Le travail de solidarité doit s’appuyer sur les forces démocratiques de Turquie, les organisations qui se battent contre le régime de dictature qui est en train de se mettre en place. Il faut faire un travail d’explication sur ce qui se passe actuellement dans ce pays, qui se transforme peu à peu en prison pour les travailleurs et les peuples.

Il faut dénoncer le mur du silence qui est en train de s’ériger, car l’Etat qui se met en place et musèle toute opposition, va permettre aux monopoles français et autres de surexploiter encore plus les ouvriers et les travailleurs de Turquie. Des liens existent entre syndicats d’ici et de là bas : les syndicats de Turquie ont apporté leur soutien aux manifestants contre la loi El Khomri. C’est le moment de leur apporter notre soutien.

Notre parti appelle à développer des initiatives de solidarité, sur la base de la défense des libertés démocratiques en Turquie, comme y invite la résolution de la Conférence que nous reproduisons ci-dessous.

 

Résolution de la Conférence Internationale de Partis et Organisations Marxistes Léninistes

Solidarité avec les peuples de Turquie pour la défense des droits démocratiques

Nous suivons avec inquiétude la politique agressive et belliciste de la Turquie aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le gouvernement de l’AKP et son leader Recep Tayyip Erdogan ont pris un tournant liberticide menaçant l’ensemble des libertés, particulièrement la liberté d’opinion et de presse. La tentative du coup d’Etat du 15 juillet fut pour Erdogan une « bénédiction de dieu » comme il le dit lui même, pour accélérer sa politique d’instauration d’une dictature d’un parti et d’un seul homme, et étouffer toute opposition. L’Etat d’urgence décrété après cette tentative de coup d’état a servi à étouffer toute opposition à sa politique réactionnaire et à accélérer l’instauration d’un régime présidentiel où Erdogan aura tout le pouvoir entre ses mains. C’est ainsi qu’il a commencé à attaquer les forces démocratiques kurdes aussi bien à l’intérieur de la Turquie qu’au delà des frontières nationales et interdire les chaines de télévision démocratiques qui dénoncent à juste titre cette politique réactionnaire, notamment la chaine des travailleurs Hayatin Sesi Tv. Aujourd’hui des dizaines de chaines de télévision, des radios, des journaux sont interdits, des dizaines de journalistes sont emprisonnés, les libertés les plus élémentaires de milliers de syndicalistes sont bafouées. Le droit d’expression de toute l’opposition est bafoué.

Nous affirmons notre solidarité avec toutes les luttes menées pour la suppression de l’Etat d’urgence et des « décret-loi » !

Nous demanderons avec détermination le respect des droits démocratiques !

Nous appelons tous les démocrates, syndicalistes, journalistes, défenseurs des droits de l’homme à être solidaire des revendications de la liberté de toute la presse et à exiger que tous les journalistes puissent travailler sans pression ainsi que la libération de tous les journalistes emprisonnés !

 

CIPOML – Octobre 2016