Nous publions les deux résolutions prises par les partis et organisations marxistes léninistes d’Europe, membres de la Conférence Internationale CIPOML, début octobre, sur deux questions :
La solidarité à développer avec les luttes des travailleurs qui se développent;
La dénonciation de la politique de l’UE et des Etats membres envers les réfugiés.
Les luttes des travailleurs qui se développent ont besoin de notre solidarité
L’augmentation des prix des aliments de base, du logement, de l’électricité, de l’essence, du transport appauvrit les travailleurs et les peuples partout dans le monde, alors que les bénéfices des monopoles ne cessent de gonfler. 772 monopoles dans le monde ont accumulé 1000 milliards de $ de profits entre 2021 et 2022.
En Europe, la commission européenne et tous les gouvernements appliquent une politique néolibérale draconienne qui attaque les services publics de santé et d’éducation, démantèle les services sociaux et accélère leur privatisation. Des milliards sont consacrés aux armes, à la militarisation et la guerre, au détriment des exigences sociales. Un de leurs objectifs est la destruction des systèmes publics de retraite, la privatisation des fonds de pension des travailleurs, placés entre les mains des banques et de la finance privée.
Les patrons et les gouvernements qui ont déclaré que les économies étaient « en guerre », veulent enrôler les travailleurs dans la bataille pour augmenter la productivité, ce qui signifie surexploitation, répression contre les travailleurs combatifs et politique de division et de mise en concurrence. Sous prétexte de développer le « capitalisme vert », ils ferment les entreprises, accroissent le nombre des chômeurs et accaparent d’importants investissements publics sur le dos des budgets sociaux.
Les luttes des travailleurs pour des augmentations de salaires, l’intensification de l’exploitation, contre les licenciements, se développent.
Dans tous nos pays, d’importants secteurs de la classe ouvrière et des travailleurs n’arrivent plus à vivre avec les salaires actuels, alors que l’inflation est supérieure à 8 %, voire plus de 10 %. Ils se battent pour des augmentations de salaires dans leurs entreprises, dans leur branche. C’est le cas en Italie, dans des entreprises moyennes, en particulier dans le transport. En Allemagne, dans des secteurs comme celui de la Poste, dans la grande distribution, dans la métallurgie, dans les secteurs sociaux… Les travailleurs ont mis en avant des revendications de haut niveau en termes d’augmentation des salaires. Ils ont renforcé leur confiance dans leurs propres forces, en dépit du fait que patrons et dirigeants syndicaux ont conclu des accords inférieurs à leurs exigences. En Turquie, où le « nouveau » gouvernement développe une féroce politique anti-ouvrière et anti-populaire, les grèves continuent. Ainsi, dans l’industrie textile (comme le groupe Sireci Textile, à Gazantiep), les ouvriers ont imposé et gagné leurs revendications, à travers une grève « illégale », longue et déterminée. Au Royaume-Uni, les grèves pour l’augmentation des salaires se poursuivent depuis le début 2023. Dans les pays nordiques (Danemark, Suède, Norvège), le mécontentement des travailleurs est profond ; ils se sentent floués par le gouvernement, les patrons, les dirigeants syndicaux. Des grèves « illégales » ont néanmoins eu lieu et la colère monte et finira par se traduire par des mobilisations et des grèves. En Grèce, Belgique et de nombreux autres pays, la situation est identique et partout les grands médias font le silence sur les luttes des travailleurs.
La grève dans les grandes industries automobiles aux USA, qui sont implantées dans le monde entier (Ford, GM, Stellantis) porte essentiellement sur la question de l’augmentation des salaires. Cela montre que la classe ouvrière aux USA se bat pour les mêmes exigences que ses frères et sœurs de classe en Europe et partout et que la lutte de classe se développe au cœur même de la plus grande puissance impérialiste.
Avec de larges secteurs des masses populaires, les ouvriers et les travailleurs se mobilisent contre les réformes réactionnaires qui s’en prennent aux retraites, comme nous l’avons vu en France, avec le grand mouvement contre la réforme des retraites. Aujourd’hui encore, une grande majorité des travailleurs sont toujours opposés « aux 64 ans » et l’expriment dans les mouvements et les manifestations qui continuent. En Espagne, les retraités et leurs familles, les travailleurs du privé comme du public, se préparent pour le 28 octobre, journée de grandes mobilisations contre la réforme des pensions. En Italie, des syndicats appellent à la mobilisation le 20 octobre, pour manifester et faire grève pour l’augmentation des salaires, contre la guerre en Ukraine. Les chômeurs sont mobilisés contre la suppression du « salaire de base » décidée par le gouvernement dirigé par la fasciste Meloni.
Parmi les initiatives internationales, il y a le 13 octobre. Dans plusieurs pays, ce sera une journée de grève et de manifestation appelée par les syndicats membres de la CES (Confédération européenne des syndicats).
Pour gagner, toutes ces luttes ont besoin de solidarité, aussi bien au niveau national qu’international.
Nous, les partis et organisations marxistes-léninistes, communistes d’Europe, membres de la Conférence Internationale des Partis et Organisations Marxistes-Léninistes (CIPOML), nous mobilisons nos forces pour soutenir concrètement ces luttes qui défendent les intérêts de la classe ouvrière et des peuples.
Nous travaillons à leur développement dans tous les secteurs, pour renforcer le rapport de force en faveur du Travail, contre le Capital.
Nous travaillons à développer la solidarité au sein du mouvement ouvrier en faisant connaître ses combats, en organisant la solidarité internationale. C’est une tâche importante qui contribue au combat contre les politiques de division, le racisme, la propagande chauvine contre les migrants développée par les gouvernements et les patrons, « en guerre » contre les travailleurs et les peuples.
Nous inscrivons ce combat dans la lutte contre le système capitaliste impérialiste responsable de l’exploitation, des crises dans tous les domaines, du pillage et de la guerre.
1er octobre 2023
Organisation pour la construction du Parti Communiste des Travailleurs d’Allemagne (Arbeit Zukunft)
Parti Communiste des Ouvriers du Danemark – APK
Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste) – PCE (m-l)
Parti Communiste des Ouvriers de France – PCOF
Plate-forme Communiste – pour le Parti Communiste du Prolétariat d’Italie
Organisation Marxiste-Léniniste Révolution, de Norvège
Parti du Travail – EMEP- de Turquie
Les réfugiés ne sont pas le problème !
La guerre, l’inflation, le chômage, les coupes sociales, la destruction de l’environnement nous menacent !
Dans toute l’Europe, les médias et les politiciens présentent les réfugiés comme le « plus gros problème ». Selon eux, ce ne sont ni la guerre impérialiste en Ukraine, ni l’inflation, ni la crise, ni la montée du chômage ou l’appauvrissement qui constituent une menace, mais les réfugiés.
Les faits n’ont-ils pas d’importance ?
Selon le HCR, plus de 110 millions de personnes dans le monde sont actuellement en fuite. La plupart d’entre eux sont des réfugiés internes, c’est-à-dire qu’ils sont dans des États pauvres et touchés par la guerre. En général, ce sont les pays les plus pauvres qui supportent le plus lourd fardeau. En 2023, environ un demi-million de réfugiés ont demandé l’asile dans les pays européens. Comparé au fardeau des pays les plus pauvres, ce chiffre est minime.
Les causes de l’exil
En traitant constamment les réfugiés comme des « illégaux » et donc des criminels, les causes de leur exil sont occultées. Il s’agit, entre autres, du pillage des pays dépendants, notamment de leurs matières premières, du réchauffement climatique, qui touche principalement les pays pauvres, tout cela est provoqué par les États impérialistes, et résulte en une faim croissante de la population et un pillage de la nature. Les dictatures soutenues par les États impérialistes, qu’il s’agisse des États-Unis, de l’OTAN, de l’UE ou de la Russie, de la Chine, et les guerres et conflits qu’elles alimentent dans leurs zones d’influence sont des causes supplémentaires de l’exil. Il en est de même pour la fuite des cerveaux. Il s’agit du pillage de la force de travail qualifiée, préalablement formée par les États pauvres. De cette manière, les pays impérialistes de l’UE économisent des coûts de formation élevés et bénéficient d’une main-d’œuvre bon marché. Cela montre l’hypocrisie de l’UE. D’un côté, ils veulent empêcher ceux qui sont ruinés par leur exploitation de venir en Europe ; de l’autre, ils recrutent de la main d’œuvre bon marché pour étendre l’exploitation. Et ils utilisent cette main d’œuvre bon marché pour accroître la concurrence au sein de la classe ouvrière et tenter de diviser les travailleurs, de créer de la haine entre eux.
Par cette politique impérialiste, les pays sont saignés à blanc, la misère s’accroît en permanence.
Le fait que les gens empruntent des voies d’exil qui mettent leur vie en danger montre leur désespoir et qu’ils ne voient pas d’autre choix. Avec sa politique frontalière, l’UE accroît cette misère et met plus encore en danger la vie des réfugiés.
Si l’UE voulait lutter contre les causes de l’exil, alors les gouvernements européens devraient agir contre les intérêts du capital ; arrêter le pillage, arrêter le commerce des armes, arrêter la fuite des cerveaux. Ce serait antinomique car ces gouvernements représentent les intérêts du capital dans tous les domaines, profit, armement, promotion de l’exportation, matières premières les moins chères etc. Ce sont des gouvernements du capital !
Front commun avec l’extrême droite
Aujourd’hui, dans l’UE, une large alliance est formée de gouvernements de « gauche », sociaux-démocrates, conservateurs et d’extrême droite ouverte. Meloni, Premier ministre italien, Orban, Premier ministre hongrois ou Duda, Premier ministre polonais, des personnalités politiques nationalistes et d’extrême droite de premier plan sont désormais des partenaires hautement appréciés pour construire la « forteresse » européenne. La Commission européenne a fait des propositions pour fermer les frontières aux réfugiés pauvres ; construire des prisons près des frontières, emprisonner les réfugiés « illégaux ». Aujourd’hui, les pays de l’UE ont décidé que les réfugiés pouvaient être emprisonnés pendant une longue période dans des camps ressemblant à des prisons, et que le soutien matériel pour les réfugiés allait diminuer.
En public, ils parlent des droits de l’homme et d’humanité, mais en réalité, ils piétinent tous les droits de l’homme.
Les dictatures comme « partenaires »
L’UE s’appuie sur des dictatures brutales comme celles de Turquie, d’Égypte et de Tunisie pour repousser les réfugiés. Plus récemment, l’UE a conclu en juillet un « accord sur la migration » avec le dictateur tunisien Saïed, selon lequel la Tunisie doit maintenir les réfugiés hors de l’UE et les reprendre. Pour cela, il recevra environ 1 milliard d’euros. En échange, l’autocrate Saïed doit signer un accord enchainant le pays avec le FMI et ainsi vendre la souveraineté de la Tunisie. Les dictateurs sont ainsi soutenus et les causes de l’exil des populations se renforcent. De plus en plus de personnes tentent de fuir la Tunisie à cause de la dictature brutale.
Boucs émissaires
En même temps, les réfugiés peuvent très bien servir de boucs émissaires. Alors que l’école et le système éducatif se détériorent, que la pénurie de logements prend des proportions énormes, que l’armement et la guerre menacent les populations, que l’inflation entraîne l’appauvrissement de larges couches de la population, que la crise climatique se poursuit à un rythme soutenu, que les transports publics deviennent de plus en plus catastrophiques, les soins de santé et les soins infirmiers sont ruinés, la question des réfugiés est mise sur le devant de la scène. Il faut des boucs émissaires. Et ce sont eux, avec les autres, les victimes de ce système.
Tous ensemble contre le capital !
La première chose à prendre en compte est que les immigrés sont des travailleurs ; ils ne «profitent» pas et sont surexploités, car ils n’ont pas les mêmes droits que les autres travailleurs. La pandémie l’a montré ouvertement : sans eux, rien ne fonctionnerait.
Au lieu de lutter contre les travailleurs des autres pays, nous devons lutter ensemble contre le capital, le véritable responsable de tous nos problèmes. Divisés par le racisme, la haine et le nationalisme, nous sommes faibles. Unis nous sommes forts !
Nous exigeons :
L’arrêt de la politique européenne réactionnaire envers les réfugiés !
La fin des accords avec l’Egypte, la Tunisie et la Turquie !
La fin du « système d’asile européen commun » et de « la gestion de crise » de l’UE !
Tous ensemble contre le capital !
Octobre 2023
Parti Communiste des Travailleurs (APK), Danemark
Parti Communiste des Ouvriers de France – PCOF
Organisation pour la construction du Parti Communiste des Travailleurs d’Allemagne (Arbeit Zukunft)
Plateforme Communiste– pour le Parti Communiste du Proletariat d’Italie
Organisation Marxiste Léniniste Revolution de Norvège
Parti Communiste d’Espagne (Marxiste-Léniniste) – PCE (m-l)
Parti des Travailleurs – EMEP- Turquie