Solidarité avec les 5 manifestants « bassines, non merci » réprimés

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Nous avons parlé dans La Forge de novembre de la mobilisation contre les méga-bassines des Deux Sèvres. Les collectifs de soutien, notamment le collectif « les soulèvements de la terre », « bassines Non Merci », alertent devant la répression qui frappe les cinq militants poursuivis. Voici des extraits de leur communiqué.

«  Après un refus injustifiable de renvoi, en leur absence et celle de leurs avocat.es, 5 militants anti-bassines viennent d’être condamnés lourdement en première instance pour une simple participation à la manifestation de Sainte-Soline. »

(…) « Il y a un mois 5 personnes se voyaient chargées du chef d’inculpation de « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations de biens », pour avoir été simplement présentes à la manifestation de Sainte-Soline tout comme 8000 autres personnes. »

Parmi les inculpés, Robin grièvement blessé à la tête par un tir de LBD avait été interpellé sur son lit d’hôpital après 6 jours de soins et placé directement en garde à vue. (…) A la suite de cette garde à vue, les 5 inculpés ont refusé de comparaître immédiatement afin de préparer leur défense. Malgré cela, une date avait été fixée à peine un mois plus tard au 28 novembre.

« Dans l’intérêt des inculpés faisant face à la préfecture qui prépare un dossier depuis plus d’un an comme le dévoileront les réquisitions, un report de ce procès avait été demandé cet après-midi lors de l’audience. Au vu du contexte et des faits reprochés, ce procès représentait en effet celui de tout un mouvement qui s’oppose à la privatisation de l’eau et revendique le droit de s’y opposer. Nous souhaitions voir témoigner à cette barre des hydrologues, des paysans, toutes celles et ceux qui seront privés de cette eau qui remplit les bassines. Cette défense ne pouvait être préparée en trois semaines. Robin était par ailleurs encore en arrêt suite à sa blessure et ne pouvait être présent aujourd’hui au tribunal, ainsi que l’avocate de 3 des prévenus. »

Malgré ces raisons plus que suffisantes comme en atteste la jurisprudence, le juge, en violation des droits de la défense, et de la Convention européenne de sauvegarde des droits humains, la demande de renvoi a été rejetée. »

(…) « Refusant pour leur part un jugement expéditif concernant la protection des ressources pour les décennies à venir, l’avocat, les inculpés et les militant.es présent.es ont choisi de quitter l’audience, quitte à aller en appel. Ils ont refusé d’accorder le moindre crédit à une cour prête à juger un absent blessé et des prévenus dont tous les avocats n’étaient pas présents.

Face à une cour vide, le procureur a demandé des peines qualifiées « d’avertissement » : 4 mois de prison avec sursis et une interdiction de séjour sur le territoire des Deux Sèvres de 5 ans.

À audience expéditive, jugement expéditif, le juge a décidé de rendre sa décision dans la foulée de l’audience, en suivant les réquisitions du procureur. Les 5 prévenus ont été condamnés à 2 ou 3 mois de sursis en fonction des personnes et sont effectivement interdites de séjour dans les Deux Sèvres pour trois ans. Fait relativement inédit sur ce type d’affaires, ces peines sont même appuyées d’une exécution provisoire.

Il y a là de toute évidence un empressement à faire des « exemples » afin de décourager tout un chacun.e de se rendre à des manifestations, pourtant suivies à chaque fois plus massivement. Ce refus de renvoi, cette condamnation sont les signes d’un gouvernement aux abois, et d’une justice aux ordres. »

Le texte conclut sur un appel « à des réactions politiques rapides et protestations contre ce jugement inique qui met en péril le droit de manifester, et au vu des réquisitions du procureur, prouve que le gouvernement Macron a définitivement décidé de s’asseoir sur les enjeux écologiques les plus urgents au bénéfice du lobby agro-industriel… »

« Les prévenus feront donc appel des décisions rendues par le Tribunal de Niort et dénoncent la parodie de justice qui s’est jouée cet après-midi. Nous resterons solidaires et bien présentes devant les tribunaux pour tous les procès à venir. Nous appelons à nous rendre encore plus nombreux.ses, interdiction ou pas à tous les prochains rassemblements et manifestations contre les bassines. Il ne leur reste plus que la répression, mais nous défendons la préservation de ressources vitales. Nos actions sont aussi urgentes que légitimes, nous ne nous laisserons plus intimider. No bassaran ! ».

Le texte est signé de :

Bassines Non Merci et les Soulèvements de la Terre, avec un ensemble d’organisations syndicales, environnementales et paysannes.

De nos camarades de Bordeaux

Militants anti-bassines : il fallait les condamner à tout prix

Lundi 28 novembre Tribunal de Niort, 5 interpellés lors de la manif du 29 octobre étaient jugés, trois semaines après leur interpellation !

Nous nous étions environ 400 manifestants rassemblés une heure et demi avant l’heure du procès et pendant le procès, parfois sous une pluie drue devant le tribunal. Mots d’ordre « no bassaran », chants de lutte (nos camarades ont chantés «  allez les gars ») , un tribunal populaire qui a jugé les décideurs et profiteurs de bassines : Rousset président PS de la région Nouvelle Aquitaine, préfet, FNSEA, Groupama,…tous condamnés par Dame Nature : ils auront porté une bassine (d’eau?) sur la tête pendant une manif le jour-même dans les rues de Niort.

Il ne faut pas toucher aux bassines et le pillage de l’eau au profit des gros agriculteurs doit continuer, selon le modèle de « développement agricole » en vigueur dans les hautes sphères du pouvoir. Et quelques La Forge vendus par nos camarades fondus dans le flot des défenseurs des libertés démocratiques.

Correspondance Bordeaux