« Dans le privé, la CFDT est passée devant la CGT : c’est historique ! ».
Depuis la communication de la « mesure d’audience syndicale, 2013-2016 », on ne compte plus les déclarations sur « le désaveu infligé à la CGT », la « victoire du syndicalisme de proposition » sur le « syndicalisme de contestation »… On l’aura compris, il s’agit d’une offensive idéologique qui vise à légitimer la politique de collaboration de classe de la CFDT et notamment son rôle dans l’élaboration de la loi El Khomri et essayer de disqualifier et de minimiser le grand mouvement d’opposition à cette loi, dans lequel la CGT a joué un rôle moteur, et qui a vu FO, Solidaires, la CGC, l’UNSA manifester contre cette loi.
De quelle représentativité parle-t’on ?
Quand le ministère du travail parle d’une mesure de l’audience syndicale, la présentant sous forme de pourcentages, il fait comme s’il s’agissait d’un décompte de voix obtenues lors de scrutins identiques.
Là, il s’agit d’une compilation de différentes élections, sur des périodes étalées sur quatre ans, mêlant tous les types d’entreprises, des plus grandes aux TPE, avec des taux de participation très inégaux. Les chiffres compilés concernent, selon les données du ministère, environ 5 millions de salariés, qui se sont prononcés au moins une fois, sur des listes présentées par les syndicats retenus, sur un total d’environ 23 millions de salariés. Mais même sur le chiffre de participation, il y a des différences entre le chiffre donné par le ministère,plus élevé (5,6 millions) et celui de la CGT, qui décompte ceux des entreprises dotées d’institutions représentative du personnel (IRP), soit 4,9 millions de salariés.
Si nous contestons la pertinence de ce « thermomètre », nous devons prendre en compte les conséquences qu’il entraîne.
D’une part, les différentes réformes des règles en matière de représentativité des organisations syndicales, ont notamment abouti à l’élimination de Solidaires et de l’Unsa et au maintien de la CFTC, en tant qu’organisations syndicales représentatives au niveau national.
D’autre part, les élections prud’homales, par delà le faible taux de participation, étaient la seule élection à caractère national concernant tous les salariés du privé. Elles sont supprimées et remplacées par l’attribution du nombre d’élus en fonction des résultats de cette « représentativité ».
C’est sur la base de ce calcul de représentativité que la CFDT devient l’organisation syndicale en mesure de signer seule un accord national interprofessionnel.
Ces conséquences ne sont pas favorables aux travailleurs.
Des leçons à tirer
Nous ne nous laissons pas intoxiquer par la campagne idéologique : la CGT reste le premier syndicat toutes catégories confondues.
Mais il n’en demeure pas moins que la nécessité de syndiquer davantage de travailleurs dans la CGT, d’aider les sections et syndicats des entreprises qui sont confrontés à la répression anti syndicale, de renforcer la solidarité entre syndicats, sections, au niveau des UL, des UD… Et surtout, de maintenir le cap du syndicalisme de lutte, solidaire, qui veut organiser tous les travailleurs, français ou immigrés, avec ou sans papiers, du privé comme du public.
L’organisation du soutien aux travailleurs de Guyane et à leur syndicat, l’UTG, fait partie de ce travail.