Colombie : victoire de Petro et du pacte historique

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Meeting de clôture de la campagne présidentielle de Pietro, candidat du "pacte historique"

Le candidat de la large alliance de gauche, le pacte historique, a été élu le 19 juin, président de la Colombie, avec 50,50% des voix. Le deuxième tour a mobilisé 58% de participation, ce qui est un record pour ce pays. Il faut aussi souligner l’élection de la vice-présidente, Francia Marquez, militante très engagée dans la défense des droits des communautés d’origine africaine (afro-descendants), dans la défense des droits des femmes et connue également pour ses engagements écologistes. C’est en elle que se reconnaissent les pauvres, les catégories marginalisées, les femmes, les jeunes, et les secteurs militants de la société.

Cette victoire n’était pas acquise : Pétro était certes arrivé en tête au premier tour des présidentielles et le candidat officiel de la droite réactionnaire, Gutierrez (soutenu notamment par le président sortant Duque), avait été largement battu. Mais l’oligarchie colombienne a essayé de barrer la route à l’élection de Pétro en mettant en avant R. Hernandez, un milliardaire qui s’est présenté comme « candidat indépendant », avec un discours « contre la corruption », alors qu’il est lui-même poursuivi pour des affaires de corruption. Il a surtout mené une campagne de calomnies, d’attaques personnelles, contre Pétro. Mais ce sont tous les secteurs de la droite, les médias contrôlés par l’oligarchie, qui se sont déchaînés contre le « guérillero », contre le « communiste » Pétro. Les menaces de liquidation physique n’ont jamais cessé contre lui et ses partisans ont affronté à plusieurs reprises la police lors des meetings et des rassemblements.

Pétro a été, dans sa jeunesse, membre de l’organisation de guérilla M-19, sociale-démocrate, qui s’est dissoute en 1990, puis s’est engagé dans le combat politique, se faisant élire député, sénateur, maire de Bogota (2012), et s’est présenté plusieurs fois à la présidentielle. Il se définit comme un progressiste qui veut œuvrer pour la paix, la justice sociale, contre les profondes inégalités sociales qui se sont encore aggravées durant l’épidémie de covid et aujourd’hui, du fait de la hausse des prix des produits de base. Ces engagements résonnent profondément dans les couches populaires qui subissent depuis 40 ans les politiques réactionnaires, anti populaires, violentes, qui ont enrichi l’oligarchie, les très grandes fortunes, les grandes entreprises étrangères qui pillent les grandes richesses de ce pays.

Comme le disent de nombreux militants révolutionnaires qui ont fait campagne pour la victoire du pacte historique et de son candidat, « nous connaissons ses défauts et ses qualités », et encore plus nombreux sont celles et ceux qui se retrouvent dans ce sentiment d’avoir enfin remporté une victoire, politique : « comment dire le bonheur que nous ressentons après tant d’années de lutte, tant de compagnons assassinés ».

Cette victoire a été rendue possible par les années de lutte, de résistances des travailleurs, des masses populaires, de la jeunesse, des femmes des milieux populaires, des communautés discriminées… Les soulèvements des années 2021 ont marqué une avancée de la résistance populaire, notamment de la jeunesse qui a affronté la violence de la police, de l’armée, des groupes paramilitaires. C’est sur ce mouvement de fond que s’est appuyé le « pacte historique » autour d’une unité politique et sociale large, pour un changement de fond de politique, au service des masses populaires. Sa victoire envoie un message politique qui va au-delà de la Colombie.

La réaction a dû reconnaître la victoire électorale de Pétro, mais elle ne désarme pas. Le président n’a pas de majorité au Congrès et les piliers de l’Etat (l’armée, la police…), les groupes paramilitaires, les puissants réseaux du narcotrafic, sont au service de l’oligarchie et des puissances impérialistes. Les travailleurs, les masses populaires, la jeunesse… de Colombie ont remporté une victoire qu’ils devront défendre par la lutte, pour que Pétro et son gouvernement mettent en œuvre ses engagements sociaux et politiques. Le soutien internationaliste aux combats des travailleurs et du peuple colombiens est plus que jamais nécessaire, pour que « la nouvelle Colombie » émerge sur le continent sudaméricain.

Pietro et à sa droite, la vice présidente, Francia Marquez