Editorial : la révolte des banlieues s’inscrit dans la crise sociale qui secoue le système
Au moment d’écrire ces lignes, les quartiers populaires, les jeunes des cités,… sont toujours en colère, en ébullition avec, face à eux, des milliers de policiers équipés pour mener la « guerre urbaine ». Les chiffres officiels parlent déjà d’un millier d’arrestations par jour !
C’est au cri de « justice pour Nahel », le jeune de 17 ans abattu par un policier, que jeunes et moins jeunes manifestent, brandissant des pancartes « la police tue », « stop aux violences et à l’impunité policières » …
Ce journal consacre plusieurs articles à ces « cris de colère des quartiers populaires ». Les articles ne disent pas tout, sur la crise des banlieues populaires qui couve depuis des années, sur fond de pauvreté, précarité, discriminations, racisme, ghettoïsation, économies sur les budgets sociaux, fermeture d’écoles et de centres de santé…
« On n’a que la violence pour se faire entendre » : ce constat d’un très grand nombre de jeunes provoque une grande inquiétude dans les hautes sphères de l’Etat et chez les possédants, qui veulent que « ça se calme au plus vite ». Ils criminalisent cette contestation pour essayer de l’isoler, mais la révolte des banlieues ne se laissera pas « isoler ». Les milliers de manifestants qui se sont mobilisés contre la dissolution des Soulèvements de la terre, en majorité des jeunes, sont allés soutenir les jeunes des quartiers.
La défense des libertés démocratiques occupe une place importante dans ce numéro. Il y a d’abord la signification de la dissolution des Soulèvements, du point de vue des intérêts des monopoles, notamment ceux de l’agrobusiness et de leur Etat. Mais il y a aussi les attaques du ministère de l’Intérieur, des préfets, de certaines municipalités… qui s’en prennent de plus en plus aux associations qui résistent à la politique répressive, qui soutiennent les victimes. C’est ce qu’explique l’article « Libertés publiques en danger : il faut s’organiser ! » Enfin, il y a la politique anti-immigrés et anti-réfugiés, qui se développe en France, en lien avec la politique de la Commission européenne, qui cherche à sous-traiter la remise en cause du droit d’asile aux régimes réactionnaires, comme celui de Tunisie.
La crise du système capitaliste est tellement manifeste aujourd’hui, que beaucoup cherchent à « faire le lien », entre le mouvement social autour du « non au 64 ans » et le soulèvement des banlieues, même si les acteurs de ces derniers n’en sont pas conscients. Ce lien, c’est le combat contre le système capitaliste briseur de vies.
Le numéro de juin titrait : « La page de la lutte de classe n’est pas tournée ». Ce numéro continue à l’illustrer à travers les correspondances sur les luttes menées dans les entreprises (comme en Haute-Garonne), à Pôle emploi… et revient sur « le renforcement du syndicalisme de lutte à l’ordre du jour », dans le contexte où l’intérêt pour la lutte syndicale a fortement grandi.
Nous intervenons régulièrement sur les questions de la « militarisation », notamment à travers les mobilisations contre le Service National Universel (SNU). Un pas important vient d’être franchi, avec l’implication de tous les syndicats de l’enseignement, des élèves et de la FCPE, qui disent ensemble ; « Nos élèves ont besoin d’école, pas de SNU ». La dénonciation des « 413 milliards pour les armées » se généralise, en lien, à la fois avec les économies sur les dépenses sociales et les sommes considérables englouties pour les armées, et la guerre en Ukraine. Notre position sur cette guerre réactionnaire, inter-impérialiste, se traduit aujourd’hui par un mot d’ordre : « Halte à la guerre en Ukraine, cessez-le-feu maintenant, arrêt des livraisons d’armes ». C’est sur cette base que nous participerons aux initiatives pour l’arrêt de la guerre.
Ce journal couvre deux mois : juillet et août. On peut affirmer sans risque de se tromper, que la lutte de classe ne connaîtra pas de « trêve ». Mais il faut aussi « recharger les batteries » et prendre du temps et du recul. Un conseil de lecture : le numéro 3 de notre revue « Rupture ». Ce numéro est consacré aux politiques du patronat et de l’Etat pour remettre en cause les conquêtes sociales et les grands mouvements ouvriers qui s’y sont opposés, depuis 1995.
La Forge vous donne rendez-vous en septembre !