Retrait des troupes françaises du Mali et du Sahel : collection d’articles

Zemmour à Bordeaux : on n’en veut pas !
15 novembre 2021
Il faut que cessent la répression et la criminalisation des réfugiés
17 novembre 2021

Nous avons réalisé un diaporama qui explique les raisons pour lesquelles nous exigeons le retraite des troupes françaises du Mali et du Sahel. Il se trouve sur notre facebook :

Voici le lien

https://www.facebook.com/PartiCommunistedesOuvriersdeFrance/

et sur Youtube :

https://youtu.be/_v2Pb9BRRJg sur youtube


https://fb.watch/9a0uFSzYKb/

Nous avons rassemblé sur cette page les textes, articles de La Forge et prises de position de notre parti, ainsi que celles qu’il a signées, avec d’autres organisations, ainsi que des prises de position qui nous paraissent importantes de faire connaître. Ils concernent l’année 2013 et est encours d’actualisation avec des textes ultérieurs.

C’est en quelque sorte une « banque de données » que nous mettons à la disposition de nos camarades, amis, lecteurs, personnes et organisations intéressés par les questions du combat contre les interventions militaires de l’impérialisme français au Mali, et plus généralement au Sahel, et en Afrique.

Autour du 12 janvier 2013

Non à l’intervention militaire française au Mali, Non à « l’union sacrée » en soutien à cette guerre
Prise de position du PCOF, le 12 janvier
2013

Le gouvernement français a décidé de faire intervenir des troupes françaises au Mali. Après la Côte d’Ivoire, la Libye, c’est maintenant le Mali. C’est une décision qui engage la France dans une guerre dans une ancienne colonie française. Cette option a été la seule qui ait été retenue depuis que le nord du Mali est aux mains de groupes islamistes armés.

Depuis le début, F. Hollande est intervenu pour que l’ONU donne le feu vert à une intervention militaire internationale, dont l’état major et la diplomatie française ont organisé les modalités concrètes.

Des hommes comme Ouattara, mis en scelle en Côte d’Ivoire par une intervention militaire dans la quelle la France a joué le rôle principal, Compaoré, à la tête du Burkina, qui n’a cessé de servir les intérêts de l’impérialisme français dans la région, quel que soit le gouvernement en place à Paris, ou Yayi Boni, l’autocrate béninois, servent de paravent « africain » à cette intervention militaire. Qui peut croire que la CEDEAO serait en mesure de mettre sur pied une force militaire indépendante de l’armée française ? Par contre, il apparait clairement aujourd’hui que l’ensemble du dispositif militaire français déployé en Afrique a été mobilisé pour cette intervention.

La justification de cette intervention militaire française est la lutte contre les groupes armés islamistes qui contrôlent une partie du territoire malien. Ils menacent l’intégrité du Mali et font régner la terreur dans les zones qu’ils contrôlent. Mais leur présence et la facilité avec laquelle ils se sont déployés traduisent l’existence de profonds problèmes sociaux, économiques et politiques, que les régimes au pouvoir au Mali n’ont pas résolus, quand ils ne les ont pas aggravés par leur gestion du pays. C’est dire qu’une solution militaire, a fortiori, une intervention militaire étrangère, ne résout aucun de ces problèmes, bien au contraire.

Des forces maliennes ont dénoncé cette situation et ont refusé depuis le début une intervention militaire étrangère ; elles se sont prononcées pour que la question de l’intégrité du territoire malien soit du ressort de l’armée malienne. Elles n’ont pas été écoutées.

L’opération militaire s’avère compliquée et peut prendre du temps et mobiliser de plus grands moyens. Les victimes sont avant tout les populations civiles du Mali prises entre les deux feux.

Le renforcement du plan « vigipirate » entre dans la stratégie de tension et de conditionnement pour convaincre la population de notre pays qu’elle est peut être la cible d’attentats, dont les auteurs seraient liés de près ou de loin aux groupes islamistes agissant au Mali. Il participe de la volonté du gouvernement de créer un climat d’unité nationale, au moment où il développe une agressive politique d’austérité qui frappe les couches populaires.

En toile de fond de cette intervention, il y a le contrôle d’une zone riche en matières premières stratégiques, notamment en Uranium qu’exploite Areva dans le Niger voisin et qui se trouve aussi dans le sous-sol malien.

Pour toutes ces raisons, et parce que la guerre de Côte d’Ivoire, d’Afghanistan et de Libye ont amplement montré que leur justification par la lutte contre le terrorisme et la défense de la démocratie n’est qu’un vaste mensonge, nous exprimons notre désaccord total avec cette intervention militaire de la France au Mali.

Nous réaffirmons la nécessité de mettre un terme à la politique connue sous le terme de « françafrique », une politique de domination économique, d’ingérence politique et militaire.

Nous affirmons que c’est au peuple malien, à ses forces démocratiques et patriotiques, de trouver les voies pour une solution politique à la crise que traverse leur pays.

Paris, 12 janvier 2013
Parti Communiste des Ouvriers de France

Communiqué de l’association Survie : La France intervient au Mali et réaffirme son rôle de gendarme en Afrique, 14 janvier 2013

14 janvier 2013 par Survie : https://survie.org/

C’est finalement le 10 janvier 2013 que la France est entrée en guerre au Mali. La communication du gouvernement français, reprise sans questionnement par les principaux médias, tend aujourd’hui à légitimer par tous les moyens et tous les arguments cette nouvelle intervention militaire française sur le sol africain et son rôle de « gendarme de l’Afrique« . Pour Survie, association qui dénonce depuis longtemps l’ingérence et la domination de la France envers ses anciennes colonies africaines, il est important de rappeler quelques éléments de contexte et d’analyse critique sur cette intervention française, sans minimiser l’ampleur de la crise que connait le Mali.

La menace que font peser ces groupes armés sur la population et l’intégrité du Mali est indéniable. Leurs exactions sont connues et ont provoqué la fuite de centaines de milliers de personnes. Après le calvaire vécu par les populations dans le Nord, le soulagement des Maliens en ce moment est compréhensible. Si l’intervention française semble effectivement avoir mis un coup d’arrêt à l’offensive vers le sud du pays de mouvements armés qui se revendiquent d’un islam radical, il existe cependant d’autres motifs, militaires et politiques, à l’opération Serval rendant la conduite française des opérations critiquable.  

Le camouflage multilatéral d’une opération française

Cette intervention ne s’inscrit pas dans le cadre des résolutions de l’ONU. Des mois de négociations ont permis de faire voter trois résolutions du Conseil de Sécurité, ouvrant la voie à une intervention internationale sous responsabilité africaine et pouvant faire usage de la force, mais officiellement sans implication directe des militaires français. En informant simplement le Conseil de Sécurité sur le fait que son intervention urgente « s’inscrit dans le cadre de la légalité internationale » eu égard aux dispositions de la Charte de l’ONU, elle a finalement pu justifier une décision bilatérale. Ce changement majeur, qui met ses « partenaires » devant le fait accompli, est complaisamment occulté afin de laisser à nouveau croire que la France met en œuvre une volonté multilatérale actée au sein de l’ONU. Il est donc nécessaire qu’elle respecte au plus vite les résolutions de l’ONU. 

Une fois de plus, la France joue le rôle de gendarme de l’Afrique, en appuyant sa stratégie sur ses relations bilatérales avec des « régimes amis » africains, sur la présence permanente de son armée dans la région et sur sa capacité de projection de forces. Ainsi, les hélicoptères utilisés pour stopper l’offensive adverse sont ceux des forces spéciales françaises de l’opération Sabre, présentes au Burkina Faso voisin (et en Mauritanie) depuis deux ans et renforcées au mois de septembre. C’est surtout le dispositif Epervier, en place au Tchad depuis 1986 alors qu’il était supposé provisoire, qui est mobilisé. À travers l’opération baptisée Serval, ce sont donc les liens que Paris entretient avec des régimes totalement infréquentables, ceux d’Idriss Déby et de Blaise Compaoré, qui se trouvent une nouvelle fois renforcés. Le rôle phare de la France est reconnu par la plupart de ses partenaires occidentaux qui lui emboitent le pas timidement dans cette intervention (Royaume-Uni, Etats-Unis, Allemagne) sans pour autant engager de troupes combattantes, tandis que d’autres restent en retrait.  

Une intervention directe décidée dans l’ombre

Ce scénario rentre dans la logique développée par le nouvel exécutif français, prônant l’intervention militaire comme un « préalable » à la restauration de la paix dans le pays (également en proie à une crise institutionnelle grave). Ces derniers mois, la France n’avait en rien contribué à l’émergence d’une solution collective discutée par l’ensemble des Maliens et de nature à favoriser un consensus politique, préalable à une réorganisation rapide des forces de sécurité. Aujourd’hui, la présence de soldats français jusque dans Bamako – sous couvert de protection des ressortissants – représente une pression importante sur les autorités maliennes en état de grande faiblesse.

L’option d’une intervention directe et rapide des forces françaises était déjà prévue, au vu de la rapidité de mise en œuvre, et ce bien avant que l’offensive ne se rapproche de Sévaré-Mopti. L’aval du Parlement n’est pas nécessaire à l’Élysée pour déclencher une opération extérieure, ce qui marque l’insuffisance de la modification constitutionnelle de juillet 2008 relative au contrôle parlementaire des opérations extérieures. De rares réactions critiques dans la classe politique soulignent cette absence de concertation. La nature préméditée de cette intervention armée aurait indiscutablement dû susciter une prise de décision parlementaire.

Dans l’immédiat, l’opération Serval a déjà basculé dans une phase offensive et semble devoir se prolonger dans la durée. Cette logique occulte délibérément les risques pour la population malienne et les Etats de la région, de même que les perspectives politiques et la période post-conflit. Le bilan accablant des récents antécédents français en Afrique montre pourtant que ces risques sont bien réels. Les interventions de 2011 en Côte d’Ivoire et en Libye ont en effet débouché sur des situations internes explosives, passées sous silence.

En conclusion, la crise malienne et cette nouvelle intervention militaire française en Afrique révèlent l’échec de 50 années de « coopération » avec l’Afrique : armées incapables de protéger leurs populations, chefs d’Etat médiateurs de crises eux-mêmes putschistes, accords de défense et bases militaires qui ont perpétué le rôle de gendarme de l’Afrique que la France s’est historiquement octroyé. On ne peut que constater l’incapacité des institutions africaines et multilatérales à organiser la moindre opération de sécurisation dans la région sans avoir recours au poids lourd français, qui a tout fait pour se rendre incontournable. Ces événements appellent une fois de plus à une remise en cause de l’ensemble du cadre des relations franco-africaines.

Déclaration du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire, 15 janvier 2013

Interview du Mouvement Burkinabe des droits de l’homme et des peuples par le journal en ligne Lefaso.net : « Nous étions et restons fondamentalement opposés à toute forme d’intervention étrangère au Mali »lundi 28 janvier 2013

Depuis un certain temps, la crise malienne fait couler beaucoup d’encre et de salive dans notre pays. Dans la foulée, le MBDHP a donné de la voix depuis le mois de novembre dernier à l’occasion de son Assemblée générale statutaire en s’insurgeant contre toute velléité d’intervention militaire étrangère au Mali. Dans cet entretien accordé le 23 janvier 2013, Chrisogone Zougmoré, président du Mouvement, justifie cette position et appelle à plus de délicatesse dans la gestion de cette crise qui risque d’embraser toute la sous-région ouest-africaine.

Lefaso.net : Comment appréhendez-vous l’évolution de la situation de crise au Mali ces derniers jours ?

Il faut dire que la situation a évolué de manière précipitée. Nous tenons d’abord à dénoncer et à condamner la partition de fait du Mali, de même que nous condamnons de la manière la plus ferme les agressions et exactions commises sur les populations du nord Mali par les groupes terroristes et autres bandits qui écument cette région du pays. Cela dit, nous avions comme vous le savez, au cours de notre Assemblée générale statutaire tenue au mois de novembre dernier, pris une position d’ensemble sur la situation qui prévaut dans la sous-région ouest africaine et au Mali en particulier. La position centrale était que nous étions opposés à toute forme d’intervention étrangère au Mali, parce que la situation qui prévaut en ce moment au Mali pose la question fondamentale de la souveraineté de ce pays. Et vous savez que de toute souveraineté qui vaille, l’armée en est l’une des principales garantes. C’est même une question nationale fondamentale, une question d’honneur et de dignité. Voilà pourquoi, nous étions et restons fondamentalement opposés à toute forme d’intervention étrangère.

C’est vrai que l’armée malienne connaît actuellement des difficultés matérielles et organisationnelles mais de notre point de vue, par principe, c’est l’armée malienne réorganisée, remise en confiance, avec le soutien de l’ensemble du peuple malien, qui devrait s’occuper de la libération du Nord. Notre position n’a donc pas varié. Vous savez du reste qu’il y a déjà eu au Nord des mouvements de résistance menés par des jeunes et des femmes contre ces groupes islamistes et qui ont quelque peu mis à mal les assurances de ces derniers. Il appartient au peuple malien de prendre en main la libération du Nord et la reconquête de son intégrité territoriale. De toute façon, ni l’armée française, ni les troupes de la CEDEAO n’y resteront éternellement. Et c’est ce qui fonde la justesse de notre position.

Le message du MBDHP n’a pas varié comme vous le dites, est-ce à dire que vous êtes contre cette intervention militaire jusqu’à présent, ou vous exigez l’arrêt des combats militaires ?

De l’intervention de l’armée française, je voudrais d’abord m’inquiéter de la manière dont elle s’opère et surtout de ses conséquences sur la situation au Burkina ainsi que dans les autres pays voisins du Mali. Chose curieuse en effet, c’est par la voix du ministre français de la défense, sur RFI (Radio France internationale), que nous avons appris que dans le cadre de l’ »opération Serval », la France disposerait d’unités et de matériels militaires déployés au Burkina Faso. Et il l’a annoncé sans sourciller et de la manière la plus naturelle qui soit. C’est inadmissible ! Qui a donc donné l’autorisation à la France, à l’insu des burkinabè, de déployer ces unités et ce matériel sur notre sol d’Etat indépendant ? Est-il certain qu’elles repartiront une fois l’opération Serval terminée ou les maintiendra-t-on chez nous pour autre chose ?

Et lorsqu’on parle d’attitude de type néocolonialiste, certains osent encore s’offusquer. Même dans l’Hexagone, au sein de la classe politique française, des analystes politiques avisés comme le président Valéry Giscard D’Estaing, tirent la sonnette d’alarme en disant non à toute attitude de type néocolonialiste. Pour l’heure, nous pensons que la présence de ces troupes constitue un réel danger pour le Burkina en termes de sécurité. Du reste, les autorités françaises en sont conscientes. Voyez déjà le dispositif sécuritaire qui est mis en place aux environs de l’ambassade de France ou du Lycée français Saint Exupéry, ici à Ouagadougou. C’est bien. Et les autres lycées ? Et ces lieux publics que fréquentent quotidiennement le burkinabè « Lamda » ? Ces troupes doivent quitter notre territoire pour ne pas nous créer des ennuis.

Sur l’autre volet de votre question, bien que les hostilités soient aujourd’hui ouvertes, le dialogue et la concertation ont toujours leur place. Vous savez que ces groupes islamiques qui écument le Nord du Mali s’étaient à un moment donné, ouverts au dialogue, notamment sous la médiation du Burkina Faso. Je pense qu’il est toujours possible de reprendre et de poursuivre ce dialogue, afin de trouver l’issue la moins douloureuse et la moins dangereuse possible à cette situation.

Qu’aurait pu faire la communauté internationale au stade où intervenait l’armée française ? D’abord soutenir les efforts de médiation ainsi que le processus de normalisation politique au Mali, qui étaient et qui sont toujours en cours. Et puis il y a la résolution (2085) des Nations-Unies qui a été prise au mois de décembre 2012 et dont la mise en œuvre était également en cours. Je pense qu’il eut fallu tout de même attendre qu’on étudie cette résolution dans ses fondamentaux, et dans les principes de sa mise en œuvre, avant toute intervention militaire précipitée. L’on aurait également pu à ce stade mettre encore un peu de patience, en prenant toutefois des mesures strictes de dissuasion et de sécurisation des lignes de fronts. C’est vrai que les islamistes ont franchi ces lignes très sensibles et hautement stratégiques, mais il est évident que l’intervention française a précédé tout début de mise en œuvre des termes de la résolution 2085, conduisant ainsi au fait accompli. Ce qui pourrait davantage compliquer la situation.

Mettre encore un peu de patience, est-ce-que le Mali n’aurait pas été occupé intégralement par ces groupes terroristes ?

Occupé intégralement, je ne le crois pas. Je pense que le Mali a une armée qui, malgré les difficultés qu’elle connaît en ce moment, dispose encore d’un fond de combativité. Je pense aussi que la perspective, clairement exprimée, d’une mise en œuvre d’accords militaires que le Mali a pu signer avec des pays amis, aurait pu suffire pour dissuader ces groupes terroristes. Il semble en effet qu’il y ait après coup des dissensions au sein de ces groupes, sur l’opportunité d’avoir ainsi déclenché les hostilités.

Aujourd’hui, les frappes militaires se déroulent sur le terrain, que compte faire le MBDHP pour soutenir ses mouvements frères du Mali, et de façon générale, le peuple malien ?

Il faut déjà et avant tout déplorer les conséquences immédiates de cette guerre avec les morts aussi bien de militaires que de civils, de même que les effets collatéraux avec déjà cet afflux massif de déplacés et réfugiés maliens, à l’intérieur comme à l’extérieur du Mali. Cela pose de sérieux problèmes de droits humains. Il nous faut soutenir ces populations déplacées ou réfugiées et exiger des pouvoirs en place la prise de mesures concrètes pour leur venir en aide et les protéger. Au-delà des aspects ponctuels et immédiats de nos contributions, une dimension tout aussi importante, c’est la réflexion au fond que les composantes des sociétés civiles de la sous-région devraient mener sur la situation actuelle.

Pour une lecture objective et une résolution correcte de la crise sociopolitique et militaire qui sévit dans toute la sous-région ouest-africaine et au Mali en particulier, la société civile devrait davantage faire entendre sa voix et jouer pleinement sa partition, en éveillant plus que jamais les consciences de nos populations et en interpelant nos dirigeants politiques à plus de sérieux dans la gouvernance politique. Nous avons la conviction que la résolution à terme de ces crises structurelles et multidimensionnelles récurrentes qui secouent le continent, passe nécessairement par la construction d’Etats de droit modernes véritables dans nos différents pays, en lieux et place de ces Etats aux gestions patrimoniales et mafieuses qui sont présentement établis en Afrique. Pour l’heure, nous appelons l’ensemble des forces démocratiques maliennes à veiller à la mise en œuvre d’une juste solution de la question nationale, permettant à chaque malien (quelles que soient sa nationalité, sa race, sa religion, ses origines) de se sentir à l’aise dans un Mali indépendant et unifié.

Le Burkina Faso s’apprête à envoyer une troupe de 500 hommes sur le terrain des combats au Mali. Comment appréhendez-vous la procédure d’envoi de ce contingent ?

La procédure d’envoi de ce contingent, il ne m’appartient pas de l’analyser, parce qu’elle comporte des aspects techniques, politiques, et militaires que je ne maîtrise pas. Mais ce qu’il faut dire, c’est qu’on sent un peu de précipitation dans l’envoi de ces troupes. Cela fait des mois qu’on en parle ; mais c’est suite à l’intervention de l’armée française que ces troupes commencent à se déployer. On sent un peu de pression sur nos Etats quant à l’envoi de ces troupes. C’était un peu comme pour couvrir ou atténuer les critiques formulées à l’endroit de nos pays par rapport à l’intervention française. Et puis, compte tenu de cette précipitation, il me semble que ces troupes n’ont véritablement pas été préparées. Il y a lieu de s’inquiéter car il n’est pas évident d’intervenir militairement dans une zone comme le désert malien.

Le MBDHP a-t-il un appel à lancer à la communauté internationale dans la gestion de cette crise ?

La crise actuelle a des causes fondamentalement politiques et géostratégiques. C’est une crise de gouvernance politique tirant ses fondements de la domination séculaire et toujours actuelle des Etas africains par des puissances occidentales. Des régimes faillis sont soutenus à bout de bras par ces puissances, dans le seul but de veiller à préserver leurs intérêts. Et comme certains analystes l’évoquent, l’intervention française n’est pas exempte de tout intérêt. Vous savez que la zone sahélo-saharienne regorge de pas mal de ressources, minières notamment. Vous avez à proximité du Mali, le Niger avec son uranium exploitée par AREVA ; il n’est pas exclu que l’intervention française ait également pour objectif de protéger l’ensemble de ces ressources sur lesquelles la France a plus ou moins la haute main dans la région ouest-africaine. Il faut qu’il soit mis fin à tout type de rapports de dominant à dominé, si nous voulons véritablement construire un monde de justice et d’équité. Il faut promouvoir davantage des rapports normaux entre Etats et nations, dans le strict respect de la souveraineté des uns et des autres.

Je voudrais aussi et surtout attirer l’attention sur les risques. Il est constant que des interventions du type de celle que vient d’effectuer la France au Mali ont toujours connu des suites extrêmement douloureuses, bien qu’il soit évident que nul ne puisse rester insensible face aux pratiques barbares et moyenâgeuses de ces bandits et narco-trafiquants qui écument le nord Mali. Voyez ce qui se passe aujourd’hui encore en Irak, en Libye et près de chez nous, en Côte d’Ivoire. Là aussi la France était intervenue militairement pour soit disant ramener de l’ordre et forcer au respect des institutions. Aujourd’hui la fracture sociopolitique dans ce pays demeure profonde. Les rancœurs continuent malheureusement de s’aiguiser et des conflits intercommunautaires renaissent. Il n’est pas exclu qu’au Mali de telles situations dommageables à la cohésion des communautés et nationalités se produisent. Il nous faut en Afrique apprendre à construire des mécanismes pérennes qui permettent de prévenir la survenue de ce type de situation. Et pour cela il nous faut des régimes véritablement soucieux du bien-être de leurs populations. Ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui.

Le 2 décembre dernier le peuple du Burkina Faso était appelé aux urnes pour des élections législatives et municipales couplées. Le MBDHP avait demandé l’admission de candidatures indépendantes à ces élections ; ce qui n’a pas été accepté. Aujourd’hui, on se trouve dans une situation où dans la commune de Ouagadougou, il y a lieu de reprendre, cela a même été annoncé par le président de la CENI. Quelle lecture faites-vous de cette reprise ?

Comme vous le faites si bien observer, il y a quand même eu des problèmes au niveau de l’organisation de ces élections. C’est vrai qu’il n’y a pas de grabuges, ni de bagarres à grande échelle, mais il y a tout de même eu de nombreux cas de fraudes, bien qu’on ait introduit la biométrie ; cela n’a pas empêché des cas de fraudes caractérisées, comme dans l’arrondissement de Nongr-Masson à Ouagadougou.

Deuxièmement, ce qui retient le plus notre attention, c’est l’après élection notamment avec le processus de désignation de maires dans différentes communes. On sent que des difficultés manifestes existent quant à la désignation de ces maires. Il est souvent arrivé pour telle ou telle mairie, qu’il y ait deux candidats du même parti, notamment du CDP, qui se battent pour le perchoir. Cela repose le problème de fond des candidatures indépendantes sur lesquelles nous avons beaucoup insisté et continuons d’insister.

Aujourd’hui, le peuple burkinabè est suffisamment mature et veut choisir les hommes et les femmes en qui il a confiance. Je pense que le problème de fond qui se pose par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui pour la désignation des maires, c’est celui des candidatures indépendantes. Nous avons du reste lancé une campagne en faveur de ces candidatures indépendantes, qui est en cours. Nous allons davantage insister, continuer d’insister pour que ce principe soit enfin admis au Burkina Faso. Si nous nous considérons comme un Etat de droit véritable, dans un processus de décentralisation intégral, il faut admettre enfin ce principe des candidatures indépendantes, et nous insistons beaucoup là-dessus.

A l’occasion d’un point de presse animé le 18 janvier dernier pour annoncer la reprise de ces municipales le 17 février, le président de la CENI a appelé la société civile à donner de la voix à ce processus. Vous sentez-vous concernés ?

Oui, naturellement que nous nous sentons concernés. Nos militantes et militants sont des citoyens burkinabè ; mais nous avons toujours dit que les questions d’élection intéressent au premier abord, les partis et formations politiques. Nous sommes des acteurs de la vie politique nationale, mais nous avons des principes qui gouvernent et fixent les limites de notre intervention sur ce champ-là. Vous savez que lorsqu’il y a des élections, généralement la société civile, les structures de défense des droits de l’Homme en l’occurrence, s’emploient à l’observation. C’est déjà une bonne chose que cela se fasse, surtout que nous produisons à l’issue de nos missions d’observation des rapports critiques et analytiques qui contiennent généralement des recommandations pertinentes.

Toujours sur la question des élections, de la position des partis et de l’attitude des populations, je pense aussi que d’une manière générale, l’offre politique aujourd’hui au Burkina Faso reste très en deçà des attentes des populations burkinabè, parce qu’aujourd’hui, les questions fondamentales qui se posent au peuple burkinabè, ce sont des questions de survie, de santé, d’éducation, auxquelles les partis politiques ne semblent pas proposer de véritables voies de solutions. C’est pourquoi au Burkina, les gens s’intéressent de moins en moins aux élections. Un Etat de droit, ce n’est pas seulement des institutions, des textes de loi ou des proclamations d’intentions à répétition ; c’est aussi faire en sorte que les populations vivent dignement leur statut d’être humain.

Aujourd’hui ce qui manque au Burkina Faso, ce sont des réponses concrètes des partis et formations politiques aux attentes des populations. Je crois qu’il est temps que les choses changent, que les partis politiques se ressaisissent et que les populations continuent de se battre surtout. Vous savez que le MBDHP est membre de réseaux associatifs, notamment la coalition contre la vie chère. Nous estimons qu’au sein de ces réseaux, les populations doivent davantage se mobiliser et s’affirmer, donner de la voix pour pousser les partis et autorités politiques à prendre en considération leurs aspirations profondes.

Les 23 et 24 novembre dernier, le MBDHP était en Assemblée générale statutaire, occasion d’appeler à la dynamisation des structures de base du mouvement. Que peut-on retenir aujourd’hui quant à l’aspect organisationnel du mouvement face à ses défis ?

Dans la formulation du thème, nous avons tenu compte la situation dans la sous-région. Il y a déjà un afflux massif de réfugiés au Burkina Faso. Nous avons des sections qui se trouvent au niveau des zones frontalières du Mali, notamment au Nord et au Sahel. Il est tout à fait normal et indiqué que nous appelions ces sections à beaucoup plus de dynamisme, pour notamment la prise en charge des questions d’accueil et de gestion de ces réfugiés qui affluent au Burkina Faso.

Deuxièmement, comme je l’ai fait observer plus haut, des crises comme celle qui a cours au Mali, nécessitent une analyse profonde de la situation avant toute prise de position. Il est vrai qu’avec les exactions perpétrées par les groupes terroristes au Nord du Mali et face à l’impuissante actuelle de l’armée malienne, la réaction immédiate normale, c’est d’appeler à l’intervention extérieure. Mais comme je l’ai dit aussi, il faut tenir compte de la situation d’ensemble des Etats africains. Il y a de cela trois ans, nous fêtions en boucle et en grandes pompes les cinquantenaires de nos indépendances. Convenez avec moi que qui dit indépendance, dit souveraineté, et affirmation de cette souveraineté. C’est là un minimum. Il n’est pas normal que plus de 50 années après, il n’y ait que très peu d’armées qui soient capables d’assurer l’intégrité territoriale de nos Etats. C’est inadmissible !

Il nous faut donc chercher à comprendre, surtout lorsqu’on sait que les hauts gradés de ces armées sont généralement formés en France ou dans ces pays occidentaux qui interviennent dans nos pays lorsqu’ils le veulent. Qu’apprend-t-on donc à nos officiers au cours de leur formation ? A opérer des coups d’Etat ? À se muer en gardiens protecteurs de régimes dictatoriaux ? À intimider et à éliminer au besoin des opposants politiques, des journalistes d’investigation et des étudiants ? Comment comprendre en effet que 50 ans après nos indépendances, il faille à chaque fois faire recours à l’ancienne puissance colonisatrice pour défendre l’intégrité territoriale de nos Etats ? Les droits de l’homme et des peuples, c’est aussi le droit à la souveraineté, qui doit être en bonne partie assuré et garanti par nos armées nationales. Nous avons donc au cours de cette Assemblée générale, procédé à une analyse de la situation nationale, ouest-africaine, et internationale, afin d’armer nos militants du point de vue de la réflexion et de l’analyse de situations.

Quels sont les grands projets du MBDHP en cette année 2013 qui commence ?

Je voudrais saisir l’occasion que vous m’offrez là, pour souhaiter une bonne et heureuse année 2013 à nos militantes et militants, à celles et ceux des autres composantes de la société civile, ainsi qu’à l’ensemble du peuple burkinabè, qui prend de plus en plus conscience de ses droits. Je voudrais tout autant appeler nos populations à se consacrer à leurs devoirs de citoyens.

Cela dit, nous avons des chantiers en termes d’activités ; il y a la campagne en faveur des candidatures indépendantes qui est lancée et que nous allons poursuivre. En matière de droits humains, nous nous sommes assez souvent investis sur le champ des droits civils et politiques. Vous constatez avec moi que depuis ces dernières années, la vie devient de plus en plus chère. Nous allons mettre un accent particulier les années à venir sur la promotion et la protection des droits socio-économiques et culturels. Il y a un protocole facultatif relatif au pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels qui a été adopté au niveau international. Nous allons, en partenariat avec d’autres organisations de la société civile, mener une campagne de plaidoyer auprès des autorités burkinabè afin que le Burkina signe et ratifie ce protocole facultatif, pour prendre davantage en considération la question des droits économiques, sociaux et culturels. Et puis naturellement, à travers nos organes de direction et d’animation, nous allons continuer de nous investir au quotidien dans la promotion, la protection et la défense des droits humains avec la rigueur et la constance qui nous ont toujours été reconnues.

Fulbert Paré

Lefaso.net

Déclaration du Front de gauche Afrique, 29 janvier 2013

Déclaration commune de plusieurs organisations françaises et étrangères sur le Mali du 10 février 2013

La politique de la canonnière n’est pas une solution

Depuis le 10 janvier 2013, la France est entrée en guerre au Mali. La propagande du gouvernement français, tend aujourd’hui à légitimer par tous les moyens cette nouvelle intervention militaire française sur le sol africain et son rôle de « gendarme de l’Afrique » dans ses anciennes colonies africaines. Il est de notre devoir en tant qu’anticolonialistes et partisans de la solidarité internationale des peuples de faire toute la lumière sur l’opération Serval

 1°) Sur la base de quel mandat cette guerre a-t-elle été déclenchée ?

Cette intervention directe a été décidée dans l’ombre, sans consultation préalable du Parlement et ne s’inscrit pas dans le cadre des résolutions de l’ONU contrairement à ce que tente de nous faire croire le gouvernement. Une fois de plus, la France joue le rôle de gendarme de l’Afrique, en s‘appuyant sur la présence permanente de son armée dans la région. C’est le dispositif Epervier, en place au Tchad depuis 1986 alors qu’il était supposé provisoire, qui est mobilisé. À travers l’opération baptisée Serval, ce sont donc les liens que Paris entretient avec des dictatures, celles entre autres, d’Idriss Déby et de Blaise Compaoré, qui se trouvent une nouvelle fois renforcés.

2°) Comment en est on arrivé là ?

Le prétexte de cette intervention militaire française est la lutte contre les groupes armés maffieux et djihadistes qui contrôlent une partie du territoire malien. Ces groupes fanatiques font régner la terreur dans les zones qu’ils contrôlent et nous n’avons aucune indulgence pour eux. Il faut les stopper. Cependant leur présence et la facilité avec laquelle ils se sont déployés, traduisent deux faits majeurs :

–       L’existence de profonds problèmes sociaux, économiques et politiques, que les régimes au pouvoir au Mali, sous contrôle de la France, n’ont pas résolus, quand ils ne les ont pas aggravés par leur gestion du pays. Au Mali, un régime corrompu s’est plié aux injonctions du libéralisme économique et s’est montré inopérant à assumer les responsabilités de l’Etat en matière sociale, éducative et de sécurité. Les revendications portées par une partie de la population touareg n’ont jamais trouvé de réponse satisfaisante depuis le temps des « indépendances ». En 1984 la Françafrique impose au Mali son retour au Franc CFA. Le 11 janvier 1994, la dévaluation de 50 % de cette monnaie imposée par la France à ces pays va considérablement aggraver leur situation économique. L’étranglement financier des Plans d’Ajustement Structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale, a contribué au démantèlement de l’Etat malien. La dette et son remboursement continuent d’être les instruments d’une paupérisation des populations.

–       L’intervention militaire franco-britannique en Libye dont les conséquences furent la dissémination d’armes dans la région et le reflux au Mali de milliers de mercenaires a engendré le chaos et l’occupation du Nord du Mal par ces groupes armés. 

C’est dire qu’une solution militaire, a fortiori, une intervention militaire étrangère, ne résout aucun de ces problèmes, bien au contraire.

3°) La France, sous couvert de l’aide au peuple malien, défend au Sahel ses intérêts privés stratégiques

Le Sahel est une région de matières premières riches et encore largement inexploitées. La France y a des intérêts stratégiques: pétrole, uranium, ressources énormes en eau souterraine, terres cultivables, or, fer, bauxite… Tout cela est convoité par les multinationales françaises, qataries, américaines… Sans oublier la plate-forme aéroportuaire de Tessalit (près de Kidal), utile pour surveiller et contrôler toute la région du Sahel, la Méditerranée, la mer Rouge. Cinq bassins de gaz et de pétroles recèlent un potentiel important. La Mauritanie a elle aussi des richesses pétrolières non encore exploitées. Présent dans ces pays, Total y multiplie les opérations d’exploration. Le Niger revêt un aspect stratégique pour le nucléaire français puisqu’Areva y exploite ses mines d’uranium, provoquant en même temps un désastre écologique de très grande ampleur, dont les populations locales sont les premières victimes.

4°) La Françafrique , ce n’est pas fini !

La France, malgré toutes les déclarations vertueuses sur « la fin de la Françafrique », conduit une fois de plus une opération dans son précarré traditionnel. Depuis la « décolonisation », c’est la 53ème intervention de l’armée française sur le continent dont on peut apprécier les résultats . Elle peut se déployer tout simplement parce qu’elle dispose de bases militaires dans cinq pays de la région. Nous devons en terminer avec cette fonction de gendarme autoproclamé de l’Afrique. L’intervention militaire et la guerre par procuration renforcent la dépendance des pays africains. Ce choix permet à la France de maintenir son influence géopolitique dans la région, et de préserver des intérêts privés face aux différents appétits d’autres acteurs économiques  internationaux. La crise malienne et cette nouvelle intervention militaire française en Afrique révèlent l’échec de 50 années de « coopération » avec l’Afrique : armées incapables de protéger leurs populations, chefs d’Etat médiateurs de crises, eux-mêmes putschistes, accords de défense et bases militaires qui ont perpétué la domination de la France sur ses anciennes colonies. Ces événements appellent une fois de plus à une remise en cause de l’ensemble du cadre des relations franco-africaines. La Françafrique ce n’est pas fini. Constituée autour de l’Etat major, des entreprises françaises et de l’Elysée, liées à des dictateurs corrompus et à des réseaux parallèles et maffieux, la Françafrique contribue  à piller les ressources naturelles des pays francophones par la corruption, la manipulation et la guerre, en toute impunité. Elle permet à des chefs d’Etat de se maintenir au pouvoir, contre les aspirations des peuples à prendre leur avenir en mains.

5°) Le remède est à terme pire que le mal : les conséquences de l’intervention militaire sont dévastatrices : Avec un objectif politique aussi flou et malléable que « la lutte contre le terrorisme », une telle guerre  peut être sans fin : initialement présentée comme une nécessité défensive, l’opération Serval a déjà basculé dans une phase offensive et est désormais annoncée pour une durée indéterminée. Le bilan accablant des récents antécédents français en Afrique annonce pourtant l’échec programmé de cette aventure : Les interventions de 2011 en Côte d’Ivoire et en Libye ont en effet débouché sur des situations internes explosives, aujourd’hui passées sous silence. Cette fois encore, l’opération militaire risque de laisser place à des comportements de revanche violents contre la population du nord du Mali, notamment des exactions contre les populations arabe et touareg, dont l’armée française pourrait bien se rendre complice au nom de la lutte contre le terrorisme.

Cette logique de guerre risque même de déstabiliser le Sahel tout entier, par la dissémination des groupes armés et la présence de troupes étrangères offrant le prétexte idéal à de nouvelles prises d’otages et à la mobilisation de nouveaux djihadistes, parmi la population locale ou en provenance d’autres régions du monde.

La rhétorique belliciste de la guerre contre le terrorisme, de l’Irak à l’Afghanistan renforce le djihadisme et l’idéologie de la guerre de civilisation, sans rien résoudre sur le terrain. Cette rhétorique est d’autant plus dangereuse qu’elle favorise le renforcement des courants djihadistes notamment  en Tunisie et en Libye.

6°) La France doit balayer devant sa porte :

Elle est muette sur le rôle des Etats du Golfe qui soutiennent financièrement les djihadistes qui ont attaqué le Mali. Mais elle parle « affaires » avec le Qatar et coopère militairement avec l’Arabie Saoudite.

La guerre au Mali aggrave une situation catastrophique. Avant même l’intervention militaire française, plus de 150 000 personnes se sont  réfugiées dans les pays voisins, plus de 230 000 ont été déplacées à l’intérieur du pays, selon le HCR.  La France, de la colonisation à l’intervention en Libye, a une responsabilité particulière dans la situation actuelle. Elle ne peut s’exonérer de ses responsabilités vis à vis des souffrances du peuple malien. Elle doit appliquer pour les immigrés maliens avec ou sans papiers, un devoir d’hospitalité, qui doit se traduire par :


- un moratoire  sur les expulsions de Maliens, en situation administrative irrégulière, vers leur pays d’origine et une régularisation à titre exceptionnel et humanitaire comme cela est prévu dans les textes en raison de l’état de guerre



– la suppression de l’exigence de visas pour les Maliens voulant venir en France

7°) Pour une solution politique basée sur la souveraineté du peuple malien

La reconquête de la souveraineté territoriale du pays doit aller de pair avec la reconquête par le peuple malien de sa souveraineté dans le cadre d’un processus national constituant , sans ingérence des grandes puissances. La France doit respecter la souveraineté des pays du Sahel sur leurs ressources naturelles. Ces derniers mois, la France n’a en rien contribué à l’émergence d’une solution politique discutée par l’ensemble des Maliens et de nature à favoriser un consensus, préalable à une réorganisation rapide des forces de sécurité. Aujourd’hui, la présence de soldats français jusque dans Bamako représente une pression importante sur les autorités maliennes en état de grande faiblesse. Une solution politique passe donc nécessairement par le retrait des troupes françaises. C’est aux Maliens qu’il revient de dessiner l’avenir de leur pays.

Paris, le 10 février 2013

Premiers signataires : Survie, Sortir du colonialisme, Afaspa, Cedetim, FASTI – fédération des associations de solidarité avec les travailleurs-euse-s immigré-e-s, Fondation Frantz fanon, Front Uni de l’Immigration et des Quartiers Populaires ( FUIQP), NPA, Parti de Gauche (membre du Front de gauche), Gauche Anticapitaliste (membre du Front de gauche), PCOF (membre du Front de Gauche), PCM, Mouvman Antikoloniyalis Réniyoné (M.A.R)  Union des Populations du Cameroun (UPC- Section France), SADI (Mali), Attac Gabon.

8 mars 2013

DÉCLARATION CONJOINTE PARTI COMMUNISTE DU BÉNIN (PCB) – PARTI COMMUNISTE RÉVOLUTIONNAIRE DE COTE D’IVOIRE (PCRCI) – PARTI COMMUNISTE RÉVOLUTIONNAIRE VOLTAÏQUE (PCRV, BURKINA FASO)

Sur la situation de la sous-région ouest africaine et au Mali

Au regard de la gravité de la situation dans la sous-région ouest-africaine et particulièrement au Mali, les Partis politiques soussignés réunis à Cotonou ce jour 08 Mars 2013, ont décidé de rendre publique la Déclaration que voici :

Le vendredi 11 janvier 2013, l’impérialisme français sous la conduite de François Hollande a déclenché une guerre d’agression néocoloniale au Mali avec le soutien des autres puissances impérialistes telles celles de l’Union Européenne et les USA. Les gouvernements des pays membres de la CEDEAO servant d’appui dans cette intervention armée avec l’envoi des troupes comme forces supplétives de l’armée française. Les prétextes évoqués par l’impérialisme français pour tenter de légitimer et justifier cette guerre réactionnaire sont entre autres :

            Stopper de toute urgence la progression des djihadistes terroristes vers le sud du Mali et vers Bamako- Libérer le Nord du Mali et rétablir l’intégrité territoriale du pays ; Eviter la déstabilisation des Etats de l’Afrique de l’Ouest…

            En réalité, comme nos trois partis (PCB- PCRCI- PCRV) le soulignaient dans leur déclaration conjointe du 10 décembre 2012, les enjeux véritables de cette guerre réactionnaire néocoloniale, sont :

  • Politiques, géostratégiques, et militaires en rapport avec la lutte pour le repartage du monde et du continent africain :
  • Economiques (accès au pétrole du golfe de Guinée, de l’uranium du Niger et des métaux précieux dont regorge la sous-région, de l’énergie solaire, du cacao, du café, etc.)
  • La lutte des impérialistes anglo-saxons (USA, Grande Bretagne) et français pour contrer la pénétration dans la sous-région de nouveaux acteurs tels que la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. ;
  • La volonté des puissances impérialistes d’étouffer toute sorte de contestation des masses populaires acculées à la misère et souffrant du manque de liberté politique, ainsi que de la répression exercée sur elles par des pouvoirs corrompus, leur volonté d’écraser tout mouvement révolutionnaire insurrectionnel.

L’impérialisme français avait, en fait programmé et minutieusement préparé cette agression au Mali par une suite d’actes dont les principaux sont :

– 1°- Aide aux régimes corrompus de Konaré et d’Amadou Touré dans la destruction de l’armée malienne.

– 2°- Après le coup d’Etat de mars 2012, l’organisation par le biais des Etats pro-impérialistes français de l’UEMOA de l’embargo sur le Mali et principalement du blocus dans les ports voisins de Guinée, de Côte d’Ivoire et du Sénégal, des armes payées par les sous maliens.

– 3°- Enfin par l’organisation méthodique de la division du pays par l’intermédiaire de la créature française qu’est le MNLA. Rappelons que la proclamation de la fameuse république dite d’Azawad a été faite depuis Paris.

Le déroulement même de la guerre en ce moment au Mali conforte ces assertions. Les objectifs politiques et militaires sont fixés unilatéralement par l’impérialisme français sans considération pour ses laquais de la CEDEAO, de l’UA et pour ceux au pouvoir à Bamako ; au mépris des intérêts et de aspirations du peuple malien. Les informations sur le déroulement de la guerre sur les fronts sont monopolisées par les impérialistes français qui les manipulent à leur guise. Les journalistes étant éloignés du champ de bataille. La collusion de l’impérialisme français avec le MNLA aujourd’hui à Kidal où même l’armée malienne est interdite d’entrée et ce par la décision de l’armée française révèle clairement la fausseté de la volonté de François Hollande du rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali.

Ainsi, l’armée française d’occupation a décidé de mener des opérations conjointes avec les troupes du MNLA, sa créature instigatrice de l’agression qui a permis aux djihadistes (AQMI, Ansar Dine, MUJAO, Boko Haram) de s’installer au nord-Mali.

En intervenant militairement au Mali, l’impérialisme français l’a fait pour réaliser un plan réactionnaire qu’il a élaboré depuis des années 1950 avec le projet de l’OCRS ( Organisation Commune des Riverains du Sahara) pour diviser les peuples du Mali et d’autres pays de la zone sahélo-saharienne( Algérie, Niger, Mauritanie, Burkina-Faso) pour faire main basse sur les immenses richesses dont regorge cette zone.

Les Etats membres de la CEDEAO et de l’UA ont été entraînés dans la guerre réactionnaire néocoloniale en cours au Mali par l’impérialisme français au mépris des aspirations et de la sécurité des peuples de ces Etats.

La sécurité des peuples des pays membres de la CEDEAO et de l’UA est doublement menacée

D’une part par l’impérialisme français et ses alliés qui prennent des mesures liberticides pour museler les peuples et étouffer à leur niveau toute forme de contestation et toute forme de mouvement insurrectionnel populaire ( proclamation de l’état d’urgence, désignation d’organes spéciaux d’espionnage et de répression etc.) d’autre part les groupes djihadistes terroristes qui menacent de porter la guerre dans tous les pays qui ont envoyé des troupes au Mali pour les combattre (organisation d’attentats terroristes contre diverses cibles etc.)

Les conséquences dramatiques de cette guerre réactionnaire (perte en vies humaines, destruction, catastrophes humanitaires etc) sont passées sous silence ou minimisées par l’impérialisme français dont l’armée d’occupation est seule habilitée à diffuser et à contrôler et à autoriser informations à diffuser.

L’inconséquence et le cynisme de l’impérialisme français et des impérialistes anglo-saxons ( USA, Grande –Bretagne) sont patents ; eux qui prétendent combattre les djihadistes terroristes au Mali alors qu’ils se sont alliés avec des djihadistes terroristes qu’ils ont armés et financés en Lybie pour renverser Kadhafi et en Syrie pour tenter de renverser Bachar el ASSAD avec l’aide des pouvoirs islamistes obscurantistes d’Arabie Saoudite et de Qatar (qui finance et arme les djihadistes opérant au Mali)

Au regard de ce tableau d’ensemble nos trois partis le PCB, le PCRCI et le PCRV déclarent que la guerre déclenchée et dirigée par l’impérialisme français au Mali est une guerre d’agression impérialiste –comme celles menées en Côte –d’Ivoire et en Lybie en 2011- et vise essentiellement à réaliser un plan réactionnaire des puissances impérialistes et de leurs alliés de la sous-région pour maintenir et renforcer leur domination et pour l’appropriation de ses immenses ressources.

 C’est pourquoi nous, PCB, PCRCI et PCRV, signataires de la présente Déclaration :

1°- Condamnons cette guerre injuste menée contre la souveraineté du peuple malien et ses intérêts légitimes.

2°- Déclarons que cette guerre n’est pas seulement dirigée contre le peuple malien mais contre l’ensemble des pays et peuples de la sous-région ouest-africaine

3°-Dénonçons par conséquent la présence des troupes d’agression étrangère impérialistes au Mali, et dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest, (française, américaine, anglaise etc.) y compris celles des pays membres de la CEDEAO et de l’UA.et exigeons leur départ immédiat.

 4°- Exigeons par conséquent le retrait des troupes béninoise, ivoirienne et burkinabè du territoire malien et tiendrons pour responsables les Gouvernements de ces pays de tous les dégâts que subiraient ces militaires envoyés au Mali.

 5°- Soutenons le prolétariat et les peuples du Mali dans la situation difficile qu’ils connaissent et sommes convaincus qu’ils sauront trouver entre eux les formes d’organisation idoine pour une vie épanouie pour toutes les nationalités du Mali, sans exclusive aucune.

 6°- Lançons un appel au prolétariat, aux peuples, aux forces démocratiques et révolutionnaires d’Afrique et du monde pour qu’ils s’opposent à l’intervention militaire de leur pays au Mali ainsi que partout ailleurs en Afrique.

7°- Déclarons solennellement que toute question politique, de quelle que nature que ce soit, doit être laissée avant tout à la souveraineté du peuple du pays concerné et que les interventions étrangères par expérience n’ont jamais résolu aucun problème dans l’intérêt des peuples.

Fait à Cotonou le 08 Mars 2013

Parti Communiste du Bénin (PCB)Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire (PCRCI)Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque (PCRV) Burkina Faso).

Informations sur le conflit au Mali de la Coordination Malienne MMF et du Secrétariat International

Devant l’inquiétante avancée des forces coalisées, les hostilités débutent le 09 janvier 2013, les islamistes affichent ainsi leur ambition démesurée de soumettre tout le Mali à leur joug. Leur plan A constituait à célébrer le Maouloud (anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed PSL prévu le jeudi 24 janvier) à Bamako, la capitale ; le plan B : récupérer l’Aéroport international de Sévaré/Mopti (à 70 km de Konna).

En effet, dans la semaine du 08 Janvier 2013 les mouvements djihadistes qui contrôlent le Nord du Mali – Al-Qaïda au Maghreb islamique(AQMI), le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), Ansar Dine (dirigé par un Touareg Malien) et Boko Haram – ont repris l’offensive en se déplaçant vers le centre du pays. De façon coordonnée, ils ont occupé la ville de Konna, un point stratégique représentant la ligne de front entre le Nord et le Sud du pays. Konna est à 70 kms de Sévaré où l’armée malienne se concentre avec équipements, munitions et provisions.

Le 14 janvier, alors que des affrontements avec l’armée malienne, avec l’appui aérien de la France, étaient en cours autour de Konna, les djihadistes occupent la ville de Diabali à l’ouest du Mali vers la frontière avec la Mauritanie.

A titre de rappel : par une offensive militaire initiée en mars 2012, ces organisations djihadistes ont réussi à contrôler une bonne partie du territoire malien et des villes importantes comme Gao, Tombouctou et Kidal. Ils ont imposé la sharia avec l’obligation du voile pour les femmes, l’interdiction de fumer, de jouer au football ou de danser. Lapider des couples non mariés, légaliser le viol par l’enlèvement des jeunes filles à travers des mariages imposés, amputer des pieds et des mains des présumés voleurs sont d’autres manifestations de la charia imposée aux populations locales. Ces groupes sont aussi historiquement liés au trafic de drogue et à l’enlèvement de maliens et d’internationaux, comme des activistes solidaires avec le peuple sahraoui ou des diplomates algériens. Ils se sont fortement réarmés après que la chute de Khadafi en Lybie ait dispersé des armes lourdes dans la région.

Un groupe de l’armée malienne a prétexté la faiblesse et la connivence du président Amadou Touré pour le renverser par un coup d’État le 22 Mars 2012. Ensuite, la situation est devenue plus compliquée. Le Mali a connu un affaiblissement de ses institutions politiques et des tentatives de gouvernements de transition qui n’ont pas été capables de gérer la situation. Un nouveau gouvernement d’union nationale a été mis en place le 15 Décembre 2012 avec le mandat de libérer le Nord du pays et d’organiser des élections tout en assurant l’accès des populations aux services sociaux de base.

Pendant tout cette période, le gouvernement malien, avec l’appui d’une grande partie de la société civile, a demandé l’appui international pour régler la situation. La CEDEAO (Communauté Economique des États de l’Afrique d’Ouest) ainsi que l’Union Africaine ont fait pression pour un dialogue inter malien, réclamant un Comité national pour le dialogue entre Bamako et les groupes armés non terroristes ainsi que le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) évincé du Nord Mali par les islamistes. Le président burkinabé, Blaise Compaoré, désigné par la CEDEAO comme médiateur s’est réuni en novembre avec Ansar Eddine le MNLA et le gouvernement malien. Une déclaration solennelle a été présentée début de Décembre et un calendrier de consultations et de pourparlers pour la paix était en préparation.

La solution politique était préférable à l’envoi de troupes éventuellement prévu pour Septembre 2013. Mais les derniers événements ont poussé la CEDEAO à annoncer un envoi immédiat et, pour le moment, sont attendus 3.500 soldats de six pays dont certains sont déjà sur place.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unis a adopté le 20 décembre 2012 la Résolution 2085 à partir du projet présenté par la France qui « autorise le déploiement d’une force africaine au Mali pour permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale par la reconquête du Nord tombé aux mains des narcoterroristes et en proie à des fondamentalistes. »Cette force africaine (MISMA) aurait un caractère d’assistance aux forces maliennes dans la restauration de la sécurité de l’État malien, pour une période initiale d’un an.

Suite à l’offensive des groupes djihadistes à Konna, la France est intervenue militairement à la demande du gouvernement du Mali. Officiellement, les opérations ont commencé le 11 Janvier avec le bombardement des campements militaires et administratifs de Mujao à Gao et des bombardements dans d’autres villes sur des cibles militaires comme les postes d’approvisionnement d’essence et d’armements. Après ces bombardements, les djihadistes se sont dispersés et n’arrivent plus à imposer la charia dans des villes comme Gao et Tombouctou où la population se sent plus libre et revit, les femmes sans voiles, les jeunes qui fument en publique. Mais les djihadistes sont encore à Diabali en rentrant dans la ville comme des civils, dispersés au milieu de la population.

Le MNLA (Mouvement National de Libération d’Azawad) a commencé l’offensive militaire en demandant l’indépendance du Nord du pays. Il a coordonné cette offensive avec les organisations djihadistes et a été a posteriori écarté par ses anciens alliés. Maintenant, il se présente pour appuyer la France dans des actions au sol. Il demande à conclure des négociations avec le gouvernement malien autour de la demande de l’autodétermination avant que l’armée malienne ne rentre dans le Nord.

La société malienne appui l’intervention de la France et la voit comme l’unique possibilité d’empêcher l’avancée des djihadistes vers Bamako et l’imposition de la charia dans tout le pays. Les Maliens et maliennes tiennent à un Mali laïc, un et indivisible. Il faut se rappeler la tension autour du Code de la Famille et la pression des quelques groupes islamistes contre les droits des femmes. En France aussi, les mouvements et associations maliennes appuient l’intervention comme un mal nécessaire. En même temps, il faut faire attention aux intérêts géostratégiques de la France dans la région, ainsi qu’aux intérêts des transnationales sur les gisements de gaz, or et pétrole pas encore exploités dans le désert.

Les conséquences du conflit sont dures. Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations Unies a estimé mardi 15 janvier que 150.000 personnes se sont réfugiées dans les pays voisins, et le bureau de Coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) estime que le nombre de personnes déplacées dans le pays est proche de 230.000.

Les femmes du Mali souhaitent que l’intervention étrangère soit courte et précise et que même avant 3 mois, les villes soient libérées de la charia, des impositions et exactions des djihadistes. Mais elles comprennent que le suivi comporte des défis comme la reconstruction des institutions démocratiques, éviter les tensions inter-ethniques et reprendre les dialogues pour résoudre le conflit.

Compte-tenu d’éventuelles infiltrations d’éléments djihadistes dans la capitale et autres zones du pays, les autorités maliennes ont décrété l’état d’urgence qui est une mesure sécuritaire en vue d’éviter tout drame.

Dossier

Recueil d’articles de La Forge, de février 2013 – février 2014 : dossier à télécharger

Union pacifiste : Mali : ne pas s’y fier !

Comme suite à l’attaque surprise de commandos en 4×4 d’Aqmi sur Konna (bourg du Nord Mali), le jeudi 10 janvier 2013, le président Dioncounda Traoré proclame l’état d’urgence, car seraient menacés non seulement les 100 000 habitants de Mopti (ville historique des Dogons), mais aussi la route de la capitale Bamako. Il lance un appel au secours à son collègue François Hollande. Le chef suprême des armées françaises saute sur ses godillots et casque colonial, pour répondre présent, officiellement le vendredi 11 janvier, dans l’espoir d’arrêter une chute vertigineuse dans les sondages d’opinion.

L’Assemblée Nationale sera consultée le 14 janvier sur cette déclaration de guerre et pour couvrir les premières interventions aériennes. Le sort des sept ou huit otages détenus par les djihadistes sera-t-il évoqué ? Il s’agit de Pierre Legrand, Thierry Dol, Marc Ferret, Daniel Larribe (et sa femme Françoise ?), soit quatre salariés d’Areva, enlevés au camp des mines d’uranium d’Arlit (Niger), depuis le 16 septembre 2010 ; de Serge Lazarevic et Philippe Verdon, « hommes d’affaires » kidnappés au mont Hombiri (dans la région de Mopti, mais vers le Niger), en novembre 2011 ; et de Gilberto Rodrigues Leal, né au Portugal mais de nationalité française, arrêté par un groupe islamiste dans sa voiture à Nioro (près la frontière mauritanienne). Les risques d’attentats dans l’hexagone seront-ils abordés par les autoproclamés représentants du peuple ? Le budget de Vigipirate va-t-il exploser ?

Le 20 décembre 2012, l’ONU avait adopté la résolution 2085, autorisant pour un an l’envoi d’une force de 3 000 hommes au Mali, en demandant au chef d’État malien d’ouvrir le dialogue avec les rebelles islamistes du Nord. Le CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), regroupant quinze pays, a commencé à entraîner des soldats au meurtre, préalable à toute intervention militaire. Majoritairement originaires du Nigeria, du Niger et du Burkina Faso, ils seront formés par des gendarmes coopérants d’Europe, afin d’être opérationnels quand le climat sera favorable au Sahara, en août 2013. Or, en violation du droit international, dès le jeudi 10 janvier au soir, des troupes françaises basées au Tchad et au Burkina, se posent sur la piste Sévaré avec huit avions gros porteurs (dont certains allemands). Elles commencent aussitôt à mitrailler, à partir d’hélicoptères survolant Konna, des motards et des automobilistes supposées appartenir à la mouvance d’Aqmi. Les « dégâts collatéraux » sur les civils ne comptent pas face aux profits des Lagardère, Dassault et Cie qui monopolisent la mise en scène patriotique dans tous les médias qui censurent les pacifistes. Les soldats rescapés d’Afghanistan reviendront-ils de cette nouvelle guerre à l’aveugle dans le vide d’une immensité désertique ? L’armée reste une entreprise terroriste qui ne connaît pas la crise économique.

L’Union pacifiste, section française de l’Internationale des résistants à la guerre, rappelle avec force que la guerre n’apporte que plus de cadavres, de mutilés et de viols ; la paix ne peut se concrétiser que par des actes de démilitarisation et par le désarmement unilatéral (qui est le seul à prouver la réelle volonté d’en finir avec toutes les guerres, toutes les injustices et barbaries qu’elles produisent).

Questions subsidiaires aux va-t-en guerre :

qui a vendu des armes aux pays africains (notamment après en avoir fourni des stocks lors de la guerre en Libye) ?

qui a accueilli les dictateurs au XXVe Sommet Afrique-France le 6 juin 2010 ?

quels sont les profiteurs de guerre exploitant des richesses minières au Mali ou au Niger ?

qui développe la violence armée des islamistes radicaux ?

Union pacifiste de France

BP 40196, 75624 Paris cedex 13

www.unionpacifiste.org

Après 2013

Partie en cours de réalisation

Intervention faite à Toulouse dans la manifestation du 13 février 2021 – PCOF 31 –

Retrait des troupes du Sahel !

Aucune intervention militaire impérialiste n’a libéré les peuples de l’oppression, Afghanistan, Irak,  Lybie, Syrie. Les puissances impérialistes dont la France n’interviennent que pour préserver leurs zones d’influences et leurs approvisionnements en ressources de matières premières.

Aujourd’hui les peuples d’Afrique notamment au Mali, Niger, Burkina Faso organisent la résistance à ces interventions et à la politique de leur propre gouvernement par des manifestations massives ou

ils exigent le retrait des troupes françaises au Sahel et en Afrique.

Lors du sommet du G5 Sahel, en janvier 2020 à Pau, Macron s’en est pris de façon méprisante aux dirigeants du G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Mali, Thchad, Burkina Faso) en les mettant en demeure de faire cesser les manifestations de contestations exigeant le retrait des troupes françaises dans les différents pays.

Des manifestations qui n’ont pas cessé depuis : nous avons demandé à un ami du Mouvement Burkinabé des droits de l’homme et des peuples de nous donner quelques exemples,

– Au Niger comme au Mali des marche -meeting ont été organisées à plusieurs reprises par des organisations de la société civile contre la présence des bases militaires étrangères .

avec une participation active des étudiants et élèves .

– Au Mali Dans les régions du Nord et du Centre confrontées aux attaques terroristes les populations dénoncent la présence militaire française qui s’accompagne par ailleurs de bavures elles dénoncent aussi la présence des Forces militaires des  Nations Unies qui n’empêchent nullement les agressions des groupes armés djihadistes .

– Au Burkina Faso

dans toutes les grandes mobilisations du Mouvement Démocratique et révolutionnaire dans les différentes régions et localités du pays  la dénonciation des interventions militaires étrangères et françaises en Afrique  est systématique . Troupes étrangères hors d’afrique et du Burkina Faso !

 Depuis 4 ans , les journées anti-impérialistes sont organisées par le Mouvement Démocratique et Révolutionnaire et l’ODJ (Organisation Démocratique de la Jeunesse en décembre ) . Sont invitées des organisations des pays d’Afrique et sur le plan international . A ces rencontres le thème des interventions militaires des puissances impérialistes est posé avec tous ses enjeux .

Les populations s’organisent de plus en plus face à l’incapacité des Forces de Défense et de Sécurité à assurer leur sécurité contre les attaques terroristes. Dans les villages les gens mettent en place des groupes d’autodéfense pour assurer leur protection . Ce phénomène existe au Mali, au Burkina et au Niger.

Au Burkina Faso :

Les populations du Lorum n’en peuvent plus de fuir, et d’être à la merci des groupes armés. Le 23 décembre 2019, dans le chef lieu du Lorum s’est tenu un conseil de guerre. Le service d’ordre était assuré par une centaine de personnes armées de fusils. Sous la coordination des organisations de la société civile (syndicats, associations de femmes, mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples, ODJ, etc. …)

Voici quelques exemples des actions des organisations, des peuples et de la jeunesse superbement ignorés par la presse bourgeoise. 

Poursuivre cette guerre

-c’est s’enfoncer dans l’engrenage des attentats, des opérations de nettoyage et dérapent.

-c’est  sous traiter cette guerre à des régimes réactionnaires qui s’agrippent au pouvoir.

-c’est alimenter toutes les divisions et les conflits dans ces pays.

-c’est en France, lancer des campagnes de recrutement en direction des jeunes, c

-c’est consacrer au bas mot un milliards d’euros aux opérations « extérieures ».

-c’est entretenir une conception coloniale des rapports entre les peuples.

-c’est continuer à pousser à l’accaparement des terres et des richesses minières du sous sol par une minorité de profiteurs et de grandes entreprises étrangères, au détriment de la masse des paysans pauvres, des jeunes paysans chassés de leurs terres.

-c’est empêcher les peuples de prendre en mains leur avenir.

Pour ces raisons nous exigeons le retrait des troupes françaises du Sahel et nous exprimons notre solidarité avec les peuples d’Afrique qui l’exigent également.

Chacun de nous ici présent peut et doit expliquer et convaincre autour d’elle, de lui de la nécessité de revendiquer nous aussi aux cotés des peuples d’Afrique le retrait des troupes françaises du Sahel et d’Afrique.