SUPRA

Supra/Taurus : Les salariés avec la CGT continuent de résister malgré les conditions difficiles
25 juin 2023
Correspondance Clestra
26 juillet 2023

Nous avons déjà parlé sur notre site de la situation à l’entreprise de Supra, fabricant de poêles à bois à Obernai (67). Le groupe Taurus, qui avait racheté Supra il y a trois ans, a programmé la fin de la production et de la logistique, ne gardant que 7 personnes dans des emplois de bureau sur le site d’Obernai. Les salariés et la CGT avaient organisé plusieurs actions pour dénoncer la politique de Supra, dont une manifestation au marché d’Obernai.

Le 3 juillet 2023, la direction convoque le 1er CSE de procédure. La CGT appelle les salariés à un rassemblement dans la cour de l’usine pour protester contre le plan. Elle prépare avec les salariés l’accueil des responsables patronaux : pancartes et drapeaux, affichage géant, mannequins, etc. Les salariés se mobilisent et participent, chacun à sa manière. Le Jour J : 100  % des salariés, déterminés, sont présents, bureaux y compris. Cela fait 27 personnes. Des militants d’autres entreprises et des camarades sont présents aussi pour les soutenir. Un responsable du groupe Taurus essaie de participer (sans mandat) au CSE. Il se fait mettre à la porte du CSE. Il se dirige alors dans la cour et essaie de « tirer les vers du nez » des salariés. Sans plus de succès. Ce qu’il a appris, c’est que les salariés sont prêts à aller aussi loin que possible.

Lors du CSE, la direction dit sa décision de supprimer la production, la logistique et une partie du travail administratif. Soit une vingtaine de licenciements. Elle note les questions des délégués mais n’y répond pas. Elle veut aller vite et prévoit le second CSE pour le 13 juillet.

Dans la semaine qui suit, les salariés discutent beaucoup. Ils bloquent l’expédition des marchandises. La direction s’énerve. Elle convoque les élus et leur propose une « primette » supplémentaire, supra légale. La négociation est difficile. Les salariés se demandent comment poursuivre : que pèsent 27 personnes face au groupe Supra Taurus ?

La direction ne s’y trompe pas : elle propose très vite de doubler la prime, et accepte qu’elle soit la même pour tous, quelle que soit l’ancienneté et l’étend aux 7 personnes restant sur le site si elles sont licenciées ultérieurement.

Après discussion, les salariés acceptent et arrêtent leur mouvement, ensemble.

Cette lutte s’est faite dans des conditions très difficiles. Les salariés sont passés en peu d’années de plus de 300 à 27 aujourd’hui. Les conditions de travail, les tensions, le fait de pousser les gens à bout et de laisser pourrir la situation a aussi découragé quelques-uns. Mais cela a provoqué beaucoup de colère face au mépris patronal. Les salariés sont restés unis et déterminés. C’est ensemble qu’ils ont commencé le mouvement et c’est ensemble qu’ils ont décidé de la fin. Ils ont eu le soutien actif de nombreux militants d’entreprises, principalement de la métallurgie, mais aussi de l’agroalimentaire et des syndicalistes retraités. Nos camarades étaient présents tout au long de la bagarre.

Cette lutte montre que ce n’est pas seulement le nombre qui compte, mais la détermination, l’unité et la solidarité de classe. C’est ce rapport de force construit dans la lutte qui est déterminant